Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

[Addendum à la séance du 8 novembre 1922]

Titre [Addendum à la séance du 8 novembre 1922]
Créateur inconnu
Contexte Volume 1919-1923
Date 1922-11-08
Identifiant O1919_1923_238
Relation O1919_1923_237
Format 21 x 37 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Addendum;
Description

Observatoire du Mont Blanc

J. Vallot, Directeur

5, Rue François-Aune

NICE

[barré : 14, Avenue des Champs-Elysées] <15 rue Théodule Ribot (17e)

PARIS

M. Deslandres demande à M. Vallot des éclaircissements sur les dépenses d’entretien de son observatoire au Mont Blanc, en dehors des dépenses pour les expéditions scientifiques.

M. Vallot répond que ces dépenses ne peuvent être supputées, parce qu’elles sont inséparables de celles des expéditions et ne valent pas la peine de faire un chapitre séparé. En effet, en dehors du blanchissage des serviettes, torchons et taies d’oreillers (il n’y a pas de draps), dont le coût est minime, il n’y a que quelque carreau cassé ou un coup de rabot à donner à une porte ou à un volet coulissant. Ces petits travaux sont exécutés sans dépense par les porteurs des missions qui séjournent avec les observateurs.

L’observatoire, étant construit en bois, avec revêtement de cuivre, ne subit aucune détérioration. Le bâtiment a la forme d’une caisse, sans aucune saillie du toit ; rien de peut être brisé ni emporté par l’ouragan. La tempête ne pourrait que briser la charpente, qui s’effondrerait d’un coup, et alors ce serait la destruction complète et instantanée. Le bâtiment n’a subi aucun dommage depuis 24 ans.

Une seule fois, il a fallu faire une réparation. C’était pendant la guerre. L’observatoire a été abandonné pendant plusieurs années, le refuge aussi. Des voyageurs peu scrupuleux ont brisé une fenêtre et se sont établis à l’observatoire, en meilleur état que le refuge. [barré : J’ai] <M. Vallot les a> poursuivis et [barré : je] les [barré : ai] <a> fait condamner. Le jugement indique que le droit de propriété est intangible, quelle que soit l’altitude. Il a fallu envoyer une expédition pour réparer le dégât ; [barré : cela] <expédition qui> a coûté environ 500 francs.

La commune de Chamonix, à laquelle [barré : j’ai] <M. Vallot a> fait don, autrefois, du refuge, ne fait rien pour le maintenir en bon état. Il y a là un danger pour l’observatoire qui est très voisin, mais ce danger va probablement cesser. En effet, le Club Alpin [barré : n’a] <[barré : a]> a chargé <M. Vallot> de faire des démarches auprès de la municipalité pour qu’elle lui cède le refuge, que le Club se charge d’entretenir.

L’observatoire a été longtemps affecté d’un vice de construction. Le revêtement en [barré : le] plaques de cuivre était fixé d’une façon défectueuse. La difficulté de faire des soudures à <la> grande altitude avait empêché d’employer les plaques coulissant entre des [mot illisible], comme dans les toitures de zinc en villes. Les plaques étaient clouées. Mais les extrêmes de température étant [barré : au] <de> moins de -30° en hiver à 50° au soleil, en été, soit une différence de 80°, la dilatation faisait sauter les clous. Ils furent remplacés par des vis. Alors ce fut le tour des <trous des> plaques de s’ovaliser et de laisser passer parfois les têtes des vis qu’il faut remplacer à côté. Il y avait souvent des fuites d’eau provenant de la neige sur le toit.

En 1912, un guide qui était plombier se chargea de refaire la [barré : toiture] <couverture> sur le modèle courant et y réussit. Depuis lors, la couverture reste en bon état et l’eau ne s’infiltre plus. La dépense a été de quatre à cinq mille francs. Ce n’est pas une réparation, mais l’adoption d’un bon système qu’on n’avait pas osé employer à l’origine.

[barré : Aprè] Le système ayant fait ses preuves depuis douze ans, il convient de refaire de même les parois. M. Vallot est en marché avec un entrepreneur pour faire exécuter le travail en juillet prochain. A cause de la hausse des prix, la dépense atteindra une dizaine de mille francs. L’observatoire sera alors inusable.

M. Vallot ne dissimule pas que les conditions des expéditions sont devenues beaucoup plus coûteuses, à cause de la hausse du prix des porteurs et de la difficulté qu’on a à en trouver. Toutefois, l’ouverture d’une ligne du funiculaire dans deux ans permettra de transporter mécaniquement les charges, à partir de cette époque, jusqu’à une altitude de 2.400 mètre, ce qui procurera une grande facilité pour les transports.

Malgré cela, l’observatoire sera toujours d’un accès assez long et difficile, nécessitant un transport à dos d’homme de dix heures à travers les glaciers.

M. Vallot signale aux générations <de l’avenir> un emplacement qui sera peut-être bien meilleur par la suite ; c’est le sommet rocheux du Mt Blanc du Tacul, à 4250m. d’altitude, où l’on ne serait qu’à 100 mètres plus bas qu’à l’observatoire actuel. Il y a trente ans, on ne pouvait pas songer à cet emplacement qui était très éloigné et d’un accès très difficile, à travers les Séracs du Géant. Mais, si l’on parvient à construire le funiculaire jusqu’au col du Midi, on parviendra mécaniquement à 3.500 mètres d’altitude, à un bel emplacement rocheux [barré : d] où un hôtel sera construit. De là, il n’y aura plus que trois heures de marche sur une pente de neige pour atteindre le Mont Blanc du Tacul. C’est peut-être là que sera l’observatoire de haute altitude de l’avenir.

M. Hamy fait remarquer qu’il a préconisé l’emplacement du Petit Flambeau, près du Col du Géant. On irait en trois heures depuis le funiculaire du col du Midi, et on aurait l’avantage de se trouver à proximité de l’hôtellerie Torino, où l’on pourrait loger. Les observations astronomiques se faisant dans les environs du zénith, les montagnes voisines ne seraient pas une gêne sérieuse.

M. Vallot répond qu’à son avis il faut considérer deux catégories d’observatoires de montagne :

1° Les observatoires astronomiques, où l’on [barré : placerait] <installerait> des instruments de moyenne puissance, tels que la lunette [barré : de] <que> M. Janssen avait placée au Mont Blanc. – 2° Les observatoires d’astronomie physique et de physique terrestre, où l’on cherche à faire des observations en petit nombre, mais à altitude aussi élevée qu’il est possible.

[barré : La] L’emplacement du Petit Flambeau serait excellent pour un observatoire d’astronomie pure, et son altitude permettrait aux observateurs d’y séjourner tout l’été. Mais il n’en est pas de même d’un observatoire d’astronomie physique, où l’on peut avoir à suivre le soleil pendant la plus grande partie de sa course, pour étudier les absorptions atmosphériques de tout ordre. A l’ouest, la masse énorme du Mont Blanc du Tacul du Mont Maudit et du Mont Blanc domine le Petit Flambeau de 800 à 1400 mètres, écran immense qui limiterait énormément le champ des observations. Au nord-est, c’est le Géant et les Grandes Jorasses qui produirait, bien qu’en plus petit, le même résultat. En outre, l’altitude du Petit Flambeau est plus basse de 800 mètres que celle du Mont Blanc du Tacul, ce qui est considérable. Au Mont Blanc du Tacul, on n’a plus guère au dessus de soi que la moitié de l’atmosphère, et cette moitié est déjà très pure et presque privée de vapeur d’eau. Ce sont des conditions excellentes pour bien des [barré : expérie] <observations>.

Enfin, les hautes altitudes permettent d’utiliser un observatoire pour les études physiologiques. Les désordres produits sur l’économie par la raréfaction de l’air sont des plus instructifs ; mais il importe, pour avoir des résultats très nets, de séjourner le plus haut qu’il est possible. L’expérience a montré que l’altitude de 3.000m. du laboratoire du col d’Olen, sur lequel le prof. Mosso fondait les plus grandes espérances, est tout-à-fait insuffisante. Ce n’est guère qu’à partir de 4.000m. que les désordres de l’organisme deviennent vraiment nets et importants, et M. Vallot, qui a travaillé au Mont Blanc du Tacul peut affirmer qu’on y est déjà assez haut pour avoir dépassé la région critique où commence le mal de montagne. C’est pour toutes ces raisons qu’il indique ce point comme pouvant devenir intéressant lorsque les conditions d’isolement dans lesquelles il se trouve auront cessé par la construction du funiculaire du col du Midi. 

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Commentaires Numéroté de 1 à 7.
Collection Volume 1919-1923
Citer ce document “[Addendum à la séance du 8 novembre 1922]”, 1922-11-08, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 28 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/6765

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