[Lettre d'Emile Picard, président du Bureau des Longitudes, à Amédée Jobin, secrétaire du Bureau]

INSTITUT DE FRANCE. ACADÉMIE DES SCIENCES.

OBSERVATOIRE D’ABBADIA

PAR HENDAYE (B.P.)

Le 19 Août 1923.

Mon cher Secrétaire,

Je vous remercie de m’avoir envoyé le compte-rendu de la séance récente du Bureau des Longitudes, où on est revenu sur des questions déjà résolues antérieurement. Peut-être aurions nous dû extraire de nos délibérations un programme précis, pour le communiquer aux intéressés, de manière à bien fixer le sens de nos décisions. Il me semble que ce programme peut être ainsi formulé :

1° Les deux observateurs, obligeamment désignés par le service géographique pour les opérations aux astrolabes visuels, procèderont à seize séries d’observations, dont huit séries, pour chacun, à l’instrument Jobin en service à l’Observatoire, et huit séries, pour chacun, à l’instrument S.O.M. du Bureau.

2° Les observateurs transcriront leurs résultats chacun sur un régistre spécial, dont ils parapheront les pages ainsi que les ratures et surcharges éventuelles.

3° Les régistres seront remis à la fin de chaque série d’observations au Président du Bureau, qui en fera délivrer des copies aux intéressés sur leur demande.

4° Les calculs seront faits et communiqués aux intéressés à mesure des observations pour les étoiles déjà réduites des éphémérides, et ultérieurement pour les autres étoiles.

5° Tous les calculs, soit ceux immédiatement possibles, soit ceux différés, seront faits en double par deux calculateurs indépendants.

6° Il sera employé, pour ces calculs, un système uniforme de réduction, avec les mêmes étoiles dans chaque page du travail, dans le but de faciliter les vérifications.

7° Le Bureau désignera les calculateurs à employer pour ce travail. Les calculs seront payés par le Bureau, sur les fonds de la longitude mondiale, au taux du tarif ordinaire approuvé par le Ministre.

Il n’est question dans tout ceci que des deux instruments : S.O.M. du Bureau, et Jobin appartenant à l’Observatoire. Quant à l’appareil Favé, récemment livré au Bureau, il peut être mis dès maintenant à la disposition des Observateurs pour la détermination de leur équation personnelle.

Ces mesures sont bien d’accord avec les principes qui nous ont guidés dans toute cette question. Le Bureau est reconnaissant aux services et établissements, avec lesquels il est organiquement en liaison, du concours qu’ils veulent bien lui prêter ; mais il est essentiel qu’il garde le contrôle des opérations entreprises par lui <à ses frais>, et en fixe les directives.

Croyez, mon cher collègue, à mes sentiments cordialement dévoués,

Em Picard