Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 2 avril 1924

Bureau des Longitudes.

Procès-verbal de la Séance du 2 AVRIL 1924.

Présidence de M. PICARD

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés aux livres des entrées.

M. BAILLAUD remet au Bureau pour la Commission des observations à l’astrolabe les calculs de réduction à 1923,0 faits à l’Observatoire pour les étoiles trouvées dans le catalogue de BOSS. Il reste 10 étoiles qui n’ont été retrouvées dans aucun autre catalogue que celui de Bossert et pour lesquelles les éléments de la réduction, si toutefois on les fait entrer en ligne de compte, devraient être empruntés à ce dernier catalogue.

M. le Président donne lecture de la Correspondance :

a) – Le Directeur de l’Observatoire de l’Ecole Polytechnique de Leopol [Lviv] (Pologne) demande qu’on veuille bien lui faire l’envoi de l’Annuaire et de la Connaissance des Temps à partir de l’année 1924. Le Bureau décide de donner satisfaction à cette demande.

b) – M. AURIC estime qu’il serait bon de compléter les renseignements donnés par l’Annuaire de 1924 sur les anneaux de Saturne (p. 279) et sur les satellites de Jupiter (p. 278). Le Bureau est d’avis qu’il suffira de retenir la suggestion de M. AURIC relative à l’anneau de Crêpe.

c) – M. le Président du Conseil, Ministre des Affaires Etrangères, en communiquant au Bureau le document C.L. 114 de la Société des Nations, demande au Bureau d’émettre un avis sur les conclusions de la Commission des Communications et du Transit au sujet de la réforme du Calendrier.

Après un échange préliminaire de vues, auquel prennent part MM. APPELL, DESLANDRES, BIGOURDAN, ANDOYER, LALLEMAND et JOBIN, le Bureau décide, sur la proposition du Président, de renvoyer à la prochaine séance la discussion sur cette question.

Sur la proposition de M. BIGOURDAN, M. TINOCO, astronome à Madrid, est introduit dans la salle des séances. M. le Président souhaite la bienvenue à M. TINOCO et l’invite à donner au Bureau un aperçu des travaux astronomiques effectués en Espagne.

M. TINOCO expose que toutes les recherches astronomiques et géodésiques relèvent en Espagne de l’Institut Géographique, dont la Direction, après de fréquents changements, vient d’être confiée à un ingénieur géographe qui lui a imprimé une grande activité. L’Observatoire de Madrid dépend de cet Institut et comprend plusieurs sections. Une brigade procède actuellement à l’exécution de la carte magnétique de l’Espagne, une autre est chargée de mesures relatives de la gravité. Les observations sismologiques ne peuvent se faire à Madrid même dont le sol arénacé se prête mal à la transmission des séismes, mais une station centrale a été installée à Tolède, sur la roche ; deux ou trois autres stations secondaires lui sont adjointes en Espagne. Le Service météorologique a pris un grand essor, on a multiplié le nombre des stations sur tout le territoire. L’Observatoire de Madrid est chargé du Service de l’Heure ; il possède une lunette méridienne de Repsold et d’autres instruments portatifs auxquels M. TINOCO, après sa visite à l’Observatoire de Paris, se propose d’adapter des micromètres impersonnels. Madrid a fait l’acquisition d’un poste de réception de T.S.F. et a commencé à recevoir les signaux de la Tour Eiffel ; le procédé opératoire de réception et de comparaison sera conforme à celui de Paris. L’Observatoire de Madrid coopère également à la confection d’un catalogue d’étoiles ; on y procède en ce moment au calcul de 12.000 observations déjà faites. Dans le domaine de l’Astronomie physique, on fait la statistique des taches solaires et on étudie les protubérances ; toutefois, le spectr<héli>ographe [spectrohéliographe] dont il est fait usage est mal étudié et donne des résultats médiocres. M. TINOCO cite parmi les autres observatoires espagnols celui de San Fernando qui dépend du Ministère de la Marine, l’Observatoire de Barcelone, le petit observatoire de la Faculté des Sciences de Valence, l’Observatoire des Pères Jésuites à Grenade, l’Observatoire de Tortosa spécialisé dans la physique solaire et terrestre, l’Observatoire particulier de Bilbao qui doit être prochainement transféré à Madrid. M. TINOCO termine son exposé en exprimant sa reconnaissance pour l’accueil particulièrement sympathique qu’il a reçu en France.

M. DESLANDRES demande à M. TINOCO si on a constaté à Madrid le même phénomène qu’à Meudon, à savoir que les images des étoiles sont souvent mauvaises lorsque le ciel est pur.

M. TINOCO répond par l’affirmative : il arrive fréquemment que les étoiles sont bonnes pour les observations méridiennes mais mauvaises pour la photographie.

M. DESLANDRES estime que les conditions les meilleures se trouveraient réalisées dans une île et surtout sur un pic ; à ce point de vue, l’Observatoire de Ténériffe, établi à 2.000 mètres d’altitude, doit se trouver particulièrement favorisé. M. DESLANDRES émet le vœu qu’on puisse conclure avec Madrid un accord pour échanger les [barré : étoiles] <photographies journalières du Soleil>, ainsi qu’il a déjà été fait avec Coïmbra.

M. LALLEMAND rend hommage au grand mouvement scientifique suscité en Espagne par la préparation du Congrès de Madrid. En matière de Géodésie et d’Océanographie, un vaste projet d’étude systématique et précise du niveau moyen de la mer vient d’être élaboré.

M. le Président remercie M. TINOCO de son intéressant exposé et l’assure que le Bureau des Longitudes sera en toute occasion heureux de pouvoir collaborer avec lui.

La séance est levée à 16 heures 35.

E. Fichot