Méthode interférentielle de mesure du diamètre apparent des étoiles. Etat actuel de la question (24-1-26)

[en marge : Annexe au procès-verbal du 27/1/26]

Méthode interférentielle de mesure du diamètre apparent des étoiles. Etat actuel de la question (24-1-26).

1°. J’ai examiné le rôle de la diffraction dans le cas où l’interféromètre est précédé d’un systême [système] afocal. M. HAMY m’avait signalé cette lacune de ma note à l’Académie. La théorie, pleinement confirmée par l’expérience, m’a montré que ce role est rigoureusement nul. Quand le centre de la tache de diffraction passe juste sur le centre d’une frange sombre, la tache et ses anneaux s’éteignent ensemble et complètement, bien qu’ils empiètent notablement sur les franges brillantes encadrant la frange sombre. Le phénomène est saisissant.

2° Difficultés pratiques.

L’interféromètre a pu être construit grâce à deux subventions accordées par l’Académie des Sciences et la Caisse des Recherches scientifiques. Sa construction est excellente. Quant aux miroirs, j’ai du les renvoyer au constructeur [en marge : Jobin] pour une retouche, il y a deux ans de cela. Depuis lors, je travaille avec des pièces qui m’ont été prétées [prêtées] et dont l’une est nettement défectueuse.

Comme je le craignais, la scintillation constitue un grave empêchement à l’application de la méthode telle que je l’ai décrite. L’étoile passe sans cesse d’un coté à l’autre de la frange, et ses extinctions sont si brèves qu’on n’a pas le temps de procéder à la mesure photométrique. Il faudrait opérer sous un beau ciel calme comme celui de la Haute Provence. A Strasbourg, pendant la période de visibilité de Bételgeuse, les nuits claires sont l’exception, elles annoncent en général l’arrivée d’une dépression, et sont par suite très agitées. Depuis le 20 novembre dernier, nous avons eu 8 nuits découvertes dont aucune n’a été bonne.

3° Développement d’une variante de la méthode permettant d’effectuer des mesures sur des images agitées.

Michelson insiste beaucoup sur le fait que ses franges restent visibles lorsque l’agitation est notable ; il en manifeste un certain étonnement et ne donne aucune explication.

J’ai étudié avec soin le problême [problème] posé par la remarque de Michelson, avec l’espoir de faire bénéficier ma méthode de la même indépendance à l’égard de la scintillation. Cela m’a conduit à faire une étude interférentielle de la scintillation (1924-25), étude qui sera publiée dès que certaines mesures complémentaires auront pu être faites. L’ensemble des résultats obtenus m’a donné l’explication cherchée et m’a montré la voie à suivre. [barré : pour modifier ma méthode]. L’interféromètre ne sera pas changé, seul le photomètre devra être remplacé. Le nouveau photomètre est en construction à l’observatoire de Strasbourg, et j’espère qu’il sera achevé en temps utile, avant la disparition de Bételgeuse. Il se pourrait d’ailleurs que [barré : la nouvelle méthode fut applicable] <l’on puisse opérer> en été sur Arcturus.

La méthode ainsi modifiée exige plus de lumière que la méthode primitive. Elle n’est applicable qu’aux astres brillants. J’espère qu’il sera possible de reprendre un jour la méthode primitive sous un beau ciel, et de l’appliquer à des étoiles ou à des satellites de faible éclat.

Strasbourg le 24-1-26

A. DANJON.