Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Séance du 2 décembre 1840

Titre Séance du 2 décembre 1840
Créateur inconnu
Contexte Registre 1827-1844 (copies)
Date 1840-12-02
Identifiant C1827_1844_666
Relation O1829_1843_621
Format 24,5 x 38,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Les transcriptions ont été effectuées à partir des procès-verbaux originaux. De légères différences peuvent exister entre ces transcriptions et le texte des copies. Pour plus de détails, voir la présentation du corpus.

 

Séance du 2 décembre 1840

 

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

S. M. la reine d'Espagne est venue visiter l'Observatoire à la fin de la séance dernière. M. l'amiral président et les membres du Bureau qui se trouvaient présents ont accompagné S. M. dans les nouvelles salles d'observation.

Un membre demande si le Bureau a reçu du ministre la confirmation des dernières élections. Cette confirmation n'est point encore parvenue.

M. Arago entretient le Bureau d'une modification qu'il se propose d'apporter aux observations de passages par la lunette méridienne. Ces passages se déterminent avec une précision de 1/10 de seconde pour les étoiles australes. Mais on peut craindre des erreurs de quelques secondes pour les étoiles circumpolaires. On a employé quelquefois des fils de micromètre mobiles pour multiplier les observations autour du passage et diminuer les chances d'erreur. Mais la vis micrométrique offre toujours quelque temps perdu. On ne peut bien juger la coïncidence du fil fixe et du fil mobile, car ils ne sont pas dans le même plan. Employer un grossissement plus fort ne présente pas d'avantage, [barré : car l'image de l'étoile n'est pas bien terminée] car l'image des fils est en même temps augmentée.

M. Arago se procure pour ainsi dire un fil optique mobile. Il place un prisme doublant derrière l'oculaire en-dehors de la lunette. Les images alors ne sont pas altérées. En faisant tourner le prisme, on déplace la seconde image de chaque fil et on peut observer pour chaque position l'image principale de l'étoile derrière l'image mobile du fil. On choisit par exemple des positions de ce fil mobile symétriquement placées de part et d'autre de l'image fixe. On peut ainsi prendre, par exemple, quinze observations avant et après le passage réel. M. Arago pense aussi trouver quelque avantage à substituer aux fils opaques, derrière lesquels on estime l'instant de l'occultation, des fentes lumineuses comprises entre deux fils.

M. Biot pense qu'avec ces nouvelles dispositions, on ne pourrait ne conserver que le fil du milieu, le seul que l'on règle effectivement sur la mire.

M. Arago ajoute qu'en effet, on ne peut actuellement s'assurer par l'observation des étoiles australes de l'égal espacement des fils ; mais que si par la Polaire on reconnaît des différences de 1/10ème de seconde, ces intervalles ne donneraient plus des centièmes d'erreur pour les étoiles australes. Quant à ces étoiles, la méthode elle-même serait difficilement applicable à cause de la rapidité du mouvement.

M. Arago a parlé dernièrement à l'Académie des défauts d'achromatisme de l'œil. Il est possible de profiter de ces défauts même dans l'observation des étoiles doubles très voisines. Quand on gâte la lunette en plaçant un prisme devant l'objectif, on a un spectre pour l'image de l'étoile ; un point de la ligne qui représente l'étoile devient extrêmement délié, tandis que le reste de l'image s'étale en éventail ; si l'étoile est double, la séparation des deux points déliés est très nette.

M. Biot croit qu'indépendamment de l'achromatisme imparfait de l'œil, une autre cause peut contribuer à la diffusion des images prismatiques observées par M. Arago. Dans tous les instruments d'optique, tous les rayons émanés d'un point extérieur viennent passer par un anneau de moindre dimension que toutes les sections qui le précèdent ou le suivre. Les pinceaux de différentes couleurs vont au-delà former sur la rétine des cercles d'inégales dimensions, qui par leur empiètement inégal, par la quantité dont les cercles extérieurs débordent les autres, doivent produire, sinon la totalité, au moins une portion quelconque des apparences dont a parlé M. Arago.

M. Arago répond que la cause de dilatation des images provenant de l'œil est certaine, car ces effets se voient à l'œil nu ; que l'épanouissement en éventail a lieu comme avec une lunette ; qu'ensuite il est possible qu'avec les instruments les circonstances indiquées par M. Biot apportent quelque modification au phénomène.

Quant à l'achromatisme de l'œil en lui-même, M. Arago ne comprend pas comment on a pu l'admettre. Car dans l'œil, toutes les réfractions ont lieu dans le même sens. L'œil est dans le même cas qu'un objectif de verre placé entre de l'eau et de l'alcool.

Dans les objectifs achromatiques, les prismes réfringents ont leurs angles tournés en sens contraire. Cette remarque, ajoute M. Arago, est de Maskelyne. Il est surprenant qu'elle soit restée dans l'oubli.

M. Biot ne voit pas de raison pour que la vision exige la concentration des images sur une surface telle que la rétine. Mais il se demande si, à travers des milieux de densités variables depuis le bord jusqu'au centre, les considérations vraies pour des lentilles ordinaires s'appliquent également.

M. Arago fait remarquer que les même effets s'observeraient en cachant la plus grande partie du cristallin et en ne recevant qu'un rayon du centre et un rayon du bord ; que d'ailleurs on a dans l'atmosphère un exemple d'un milieu de densités variables et où les couleurs ne se détruisent pas.

M. Biot ne regarde pas comme impossible que l'on obtienne avec des milieux de densités variables une compensation de dispersion avec des réfractions allant toujours dans le même sens.

M. Arago convient bien qu'avec des milieux extrêmes quant à leurs propriétés tels que l'huile de sassafras d'un côté, le tabasheer de l'autre, on ne puisse avec des réfractions allant dans le même sens renverser entièrement l'ordre des couleurs, mais ces propriétés extrêmes ne se rencontrent dans aucun des milieux de l'œil.

M. Biot emprunte le volume de 1767 de l'Académie des sciences.

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Feurtet, Jean-Marie
Collection Registre 1827-1844 (copies)
Citer ce document “Séance du 2 décembre 1840”, 1840-12-02, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 20 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/9179

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