Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Séance du mercredi 4 février 1846

Titre Séance du mercredi 4 février 1846
Créateur inconnu
Contexte Registre 1845-1859 (copies)
Date 1846-02-04
Identifiant C1845_1859_059
Relation O1844_1853_132
Format 25,7 x 38,6 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Les transcriptions ont été effectuées à partir des procès-verbaux originaux. De légères différences peuvent exister entre ces transcriptions et le texte des copies. Pour plus de détails, voir la présentation du corpus.

 

Séance du 4 février 1846

On lit le procès-verbal de la séance précédente : il est adopté.

M. de Vico a annoncé à M. Arago qu'il a découvert une comète, le 24 du mois dernier, dans la constellation de l'Eridan.

M. Valz écrit de Marseille que la tête de la comète de 6 ans ¾ s'est partagée en deux. On dirait maintenant que deux comète distinctes marchent l'une à côté de l'autre.

Sur la proposition de M. Arago, le logement que M. Eugène Bouvard occupait est accordé à M. Mauvais, ainsi que le jardin qui longe la rue Saint-Jacques.

M. Arago communique une lettre qu'il a reçue du ministère des Travaux publics concernant le grand toit tournant de la tour de l'Est. Il paraîtrait, d'après les nouveaux devis, que ce toit coûterait deux fois la somme qui résulterait d'une première évaluation. M. Arago présente un aperçu de la réponse qu'il se propose de faire à la lettre de M. Denoue, chef de division au ministère des Travaux publics. Nous le reproduisons ici textuellement.

L'article relatif à l'Observatoire, dans la loi du …, embrassait deux objets entièrement distincts : l'établissement des communications directes entre les anciennes salles et les étages supérieurs ; la construction d'une immense coupole mobile extérieure destinée à abriter les grandes lunettes déjà exécutées, et celles que les brillants travaux des verriers et des opticiens permettent d'espérer pour une époque peu éloignée.

Le premier de ces travaux est achevé : il a parfaitement réussi ; les cabinets ont doublé d'étendue ; l'ordre, dans une branche importante du service, va succéder à un encombrement fâcheux. L'établissement de la coupole a donné lieu à des difficultés imprévues, très sérieuses, devant lesquelles la prudence a commandé de s'arrêter.

Le pied de la lunette colossale et le mécanisme d'horlogerie destiné à la mettre en mouvement, devaient reposer sur la voûte qui ferme, au sommet de l'édifice, la tour de l'Est. Cette voûte était recouverte d'une enveloppe en briques qu'il a fallu démolir.

La voûte en pierre, une fois débarrassée de sa calotte en briques, fut l'objet d'expériences minutieuses. On reconnut que trois ou quatre personnes tournant autour de la clef produisaient des dénivellations de 3 à 4 secondes. Ces mouvements étaient bien petits en eux-mêmes, mais il ne fallait pas oublier qu'ils ne seraient plus négligeables lorsque les énormes pouvoirs amplificatifs qu'on se propose d'appliquer aux nouvelles lunettes les auraient grossi. La difficulté parut tellement grave qu'on songea un moment à abandonner la tour de l'Est et sa voûte pour s'installer dans le jardin de l'Observatoire ; mais de tous les points le grand édifice couvrait au nord une portion considérable du ciel ; mais on bâtit en ce moment, vers la portion du mur d'enceinte comprise entre les barrières d'Enfer et Saint-Jacques, des maisons et des usines déjà fort incommodes pour les instruments méridiens. S'exposer à ne pouvoir jamais observer qu'au travers des atmosphères fumeuses qui s'élèvent des maisons d'habitation et des manufactures, c'eut été se résigner à ne faire qu'un emploi fort rare des grandes lunettes et s'interdire l'usage des très forts grossissements. La nécessité de revenir à la tour fut évidente pour tout le monde.

Sur ces entrefaites, l'administrateur choisit d'une manière définitive le serrurier mécanicien auquel on confiera les travaux. Cet artiste est M. Travers, celui-là même à qui l'on doit le comble en fer de l'hémicycle de la Chambre des députés. M. Travers proposa des modifications capitales au projet primitif. Lui aussi reconnut la difficulté d'installer la lunette sur la partie centrale de la grande voûte, surtout lorsqu'après un sondage effectué avec soin, il fut constaté que cette région consiste en pierre tendre, et qu'à la clef elle n'a qu'une épaisseur de 30 centimètres. Mais M. Travers prouva en même temps qu'en reliant fortement un certain nombre d'arcs en fer forgé aux reins de la voûte, autant dire qu'en enveloppant à distance la voûte en pierre d'une sorte de voûte en fer, on se procurerait une base parfaitement solide sur laquelle la plus lourde lunette aurait toute la stabilité désirable.

Cette idée de M. Travers est sortie victorieuse de toutes les études auxquelles on l'a soumise. Les hommes les plus compétents lui ont donné leur entière adhésion.

Cette première modification en a entraîné plusieurs autres ; ainsi, la coupole ne se mouvra plus sur l'acrotère de la tour ; ce sera comme solidité et facilité de manœuvre un avantage qu'on ne doit pas dédaigner, car il faut bien le remarquer, la coupole projetée dépassera beaucoup par ses dimensions tout ce qui a été exécuté en ce genre ; le plancher général, la partie centrale exceptée, roulera lui-même, ce qui n'avait pas lieu dans le premier projet. Ce changement rendra les observations beaucoup plus commodes, et partant beaucoup plus exactes ; enfin, le système des trappes ou fenêtres à coulisses destinées à ouvrir la coupole à toutes les hauteurs depuis l'horizon jusqu'au zénith, a reçu des perfectionnements importants qui rendront son mouvement très facile tout en assurant la parfaite conservation des instruments.

Les travaux exécutés sur le nouveau système ne peuvent manquer de réussir. Après leur achèvement, l'Observatoire de Paris possèdera, quant aux dimensions et aux facilités d'observation, le plus grand établissement parallactique du monde. Cet établissement enfin, n'aurait pas besoin d'être remanié, même pour des lunettes d'un mètre d'ouverture. C'est dire qu'il suffira à tous les besoins de la science pendant une longue suite [d']années.

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Feurtet, Jean-Marie
Collection Registre 1845-1859 (copies)
Citer ce document “Séance du mercredi 4 février 1846”, 1846-02-04, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 29 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/9443

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