Séance du mercredi 15 février 1854

Séance du mercredi 15 février 1854.

Présidence de M. l'amiral Baudin.

On lit le procès-verbal de la séance précédente. Sa rédaction est adoptée.

M. Largeteau, au nom de M. Babinet, remercie le Bureau du témoignage d'intérêt qu'il a bien voulu lui donner dans sa dernière séance.

Il est donné lecture de la lettre suivante de M. Ernest Liouville :

« Paris, le 14 février 1854.

« M. le président,

« Les circonstances qui me forcent à quitter l'Observatoire, avec la famille de M. Arago et avec mes chers et excellents maîtres MM. Mathieu, Laugier et Mauvais, ne m'empêcheront pas de conserver une vive reconnaissance pour la bonté avec laquelle le Bureau des longitudes m'avait nommé un de ses élèves… C'était là une grande faveur que j'ai cherché à justifier par mon travail. Je laisse inscrites dans les registres méridiens à peu près sept mille observations et je prie le Bureau de croire que je n'ai pas cherché le nombre aux dépens de la [barré : difficulté] qualité.

« J'ai été du reste bien récompensé de mon travail par la bienveillance de l'homme illustre que la France pleure et dont je suivrai toujours les leçons d'honneur et de dignité scientifique.

« Je suis avec respect, Monsieur, … signé : Ernest Liouville. » (Voir pièce n° 3).

M. le président exprime à M. Liouville le regret qu'éprouve le Bureau en voyant son fils quitter une carrière dans laquelle il avait si bien débuté.

Le Bureau reçoit les ouvrages suivants : Extraits des comptes-rendus des séances de l'Académie des sciences, contenant une note de M. Ernest Liouville sur l'influence des diaphragmes dans l'observation méridienne du diamètre du soleil, une feuille in-4°. (Voir pièce n° 4) ; Observations astronomiques faites à l'observatoire de Königsberg, publiées par M. Busch, directeur de cet observatoire, un vol. in-f° ; Catalogue de la bibliothèque de l'observatoire de Königsberg par le même, un vol. in-8°.

M. le président rend compte de la visite qu'il a faite à M. le ministre de l'Instruction publique, ainsi qu'il y avait été invité par le Bureau dans la dernière séance. Le ministre a promis d'examiner attentivement les diverses questions qui lui ont été soumises.

Sur la demande du Bureau, M. le président remet la minute de la note qu'il a remise au ministre ; elle sera jointe au présent procès-verbal (voir pièce n° 5).

M. Biot fait observer que les tables de dilatations et de pesanteurs spécifiques données dans l'Annuaire ne sont plus aujourd'hui au courant de la science. Il propose au Bureau de se charger de les refaire pour qu'elles puissent être insérées dans l'Annuaire de 1855.

Le Bureau accepte avec reconnaissance cette proposition.

On parle de l'intérêt que présenterait un résumé qui serait donné dans le même ouvrage de toutes les découvertes astronomiques faites dans l'année précédente : M. Laugier et M. Mauvais pourraient se charger de ce travail en consultant principalement les Astronomische Nachrichten publiées à Altona, et les publications de la Société astronomique de Londres.

On remarque qu'il serait nécessaire de présenter au ministre un projet de budget pour le Bureau des longitudes, puisque l'on est occupé aujourd'hui à préparer le budget de 1855. On fait ressortir l'urgence qu'il y a que la position du calculateur adjoint, M. Servier, dont le service est indispensable pour les calculs de la Connaissance des temps, soit définitivement fixée. Le Bureau engage M. Mathieu à continuer à l'employer ce mois-ci pour ne pas retarder les calculs. On appuie vivement sur la nécessité d'un second calculateur adjoint pour la Connaissance des temps et de deux calculateurs adjoints pour la réduction des observations anciennes. Le projet de budget aurait l'avantage de fixer le ministre sur le chiffre qui serait nécessaire pour cet objet.

M. Mathieu est chargé de préparer ce budget.

M. Biot revient sur l'utilité de la construction d'oculaires astronomiques avec du cristal de roche fondu ; il fait observer que si on voulait en faire avec du cristal de roche naturel, la courbure des surfaces ne permettrait pas d'éviter la double réfraction, qui se trouve si heureusement détruite dans la matière obtenue par la fusion du cristal.

La séance est levée à 5 h.