Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 5 février 1919

Titre Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 5 février 1919
Créateur Renaud, Marie-Joseph-Auguste (1854-1921)
Contexte Volume 1919-1923
Date 1919-02-05
Contributeur Renaud, Marie-Joseph-Auguste (1854-1921); Andoyer, Henri (1862-1929);
Identifiant O1919_1923_008
Format 18 x 30,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Dactylographié avec corrections manuscrites; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes.

Procès-verbal de la Séance du 5 FEVRIER 1919.

Présidence de M. ANDOYER

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés aux livres des entrées.

I – M. le PRÉSIDENT donne lecture d’une lettre de M. Baldomero Aracil Carbonell à Alcoy (Espagne) demandant :

1°/ l’envoi d’un exemplaire de la Connaissance des Temps,

2°/ des conseils au sujet de l’achat d’une lunette et d’ouvrages astronomiques.

En ce qui concerne la première question, M. le Secrétaire Bibliothécaire communiquera la demande à la maison Gauthier-Villard [Gauthier-Villars]. Quant à la seconde partie de la lettre, M. Bigourdan veut bien se charger d’y répondre.

II – M. le PRÉSIDENT fait connaître que l’état du Budget qui concerne le Bureau vient de lui parvenir ; il constate que la somme de 10.800 frs destinée à faire face aux relèvements divers de traitement du personnel des calculateurs y est inscrite et que les divers paragraphes relatifs au chauffage, éclairage, fournitures de bureau etc.. ont été également augmentés pour faire face à l’accroissement des prix. Il s’agit d’une mesure générale prise dans toutes les administrations.

III – L’ordre du jour appelle la discussion sur le projet d’avis au sujet de l’avance de l’heure. MM. LALLEMAND & RENAUD ont préparé un projet qui a été distribué à tous les membres. M. ANDOYER y a apporté diverses modifications de détail en tenant compte des opinions émises à la dernière séance ; il a rédigé un autre texte dont il distribue en séance un certain nombre d’exemplaires.

M. HAMY fait savoir qu’il propose aussi quelques modifications au projet de MM. LALLEMAND & RENAUD en supprimant le 3è et le 5è alinéas et en ajoutant à la fin du 2è paragraphe de conclusion les mots : et avec lesquels un accord a été établi pour l’envoi quotidien de signaux horaires par T.S.F.

M. BIGOURDAN expose un système d’après lequel on évite les inconvénients qui ont été signalés. L’avance de l’heure commencerait et prendrait fin le même jour pour tous les pays d’un même hémisphère ; la transformation inverse se ferait le même jour dans l’autre hémisphère, les pays tropicaux garderaient toute l’année l’heure normale. Il faudrait à cet effet un accord de tous les pays ; en attendant qu’il soit obtenu, on garderait l’état provisoire actuel.

Au projet d’avis en discussion, M. DESLANDRES propose l’addition suivante :

“D’une manière générale d’ailleurs, l’avance de l’heure est contraire à la nature et intéresse seulement les citadins. Les gens de la campagne, qui sont les plus nombreux, sont plutôt génés par elle, car ils se lèvent et se couchent avec le soleil. On invoque à l’appui de la mesure des raisons d’hygiène et d’économie, mais ne pourrait-on pas, en se basant sur les mêmes raisons, astreindre par un règlement les services publics, les industriels et les commerçants à avoir le même nombre d’heures de travail le matin et l’après-midi, et à placer le repas intermédiaire juste au milieu du jour. La lumière du jour serait alors utilisée le mieux possible dans toutes les saisons.”

Après échange de vues, la rédaction suivante est adoptée par sept voix, quatre des autres membres présents s’étant abstenus.

“La fin des hostilités pose de nouveau la question de l’avance de l’heure pendant l’été, les dispositions législatives prises à ce sujet n’étaient valables que pour la durée de la guerre.

Du 15 juin au 30 septembre 1916, du 25 mars au 7 octobre 1917, du 16 mars au 6 octobre 1918, l’heure légale a été avancée de 60 minutes en France et/en Algérie. Cette mesure, motivée par les raisons d’économie et d’hygiène, présente cependant, à beaucoup d’égards, de sérieux inconvénients.

D’une part, n’étant pas universelle, elle est une source de confusions et d’erreurs dans les communications télégraphiques internationales, principalement par télégraphie sans fil, et dans les relations des navigateurs, soit entre eux, soit avec la terre.

D’autre part, comme elle n’a pas un caractère permanent, on est obligé de publier en heure légale dans les Annuaires comme celui du Bureau des Longitudes, celui des Marées et tous ceux qui en dérivent, les indications relatives aux phénomènes astronomiques, aux hauteurs des marées, aux signaux horaires, etc.. S’il est facile de faire la correction nécessaire quand l’heure d’été est en vigueur, un moment d’inattention peut avoir, surtout dans la navigation, les plus graves conséquences.

Enfin le Bureau des Longitudes fait remarquer tout spécialement que cette mesure va à l’encontre de tous les progrès que le système des fuseaux horaires, presque universellement adopté aujourd’hui, permettait de réaliser dans le mode d’indication du temps, lui donnant un caractère général et assurant à la fois plus de précision et de certitude dans sa notation, plus de facilités dans les relations internationales.

Pour ces motifs, le Bureau des Longitudes émet à nouveau le vœu qu’aucun changement ne soit apporté à l’heure légale.

Pour réaliser les avantages que l’expérience des trois années précédentes a montrés sensibles, il suffirait de prendre des mesures pour avancer d’une heure pendant l’été l’ensemble de la vie publique, par exemple les horaires des services de transport en commun, l’ouverture et la fermeture de toutes les administrations, banques, théâtres, etc…

Dans le même ordre d’idées, en se basant sur les mêmes raisons d’hygiène et d’économie, on pourrait établir des règlements imposant aux services publics, aux commerçants et aux industriels l’obligation de répartir également avant et après midi les heures de travail de leur employés ou ouvriers, de manière à utiliser le mieux possible la lumière du jour, à tous égards la plus saine. Cette solution est générale, elle s’applique à toutes les saisons et sous toutes les latitudes.

Si cependant il est prouvé que l’on ne peut faire accepter ce résultat que par l’établissement d’une heure fictive, il serait nécessaire de prendre toutes les dispositions propres à atténuer le plus possible les inconvénients de cette mesure.

Il serait alors essentiel que le changement de l’heure soit réalisé en plein accord avec les pays voisins et d’une façon réglée à l’avance une fois pour toutes. Le mieux serait sans doute de prendre l’avis d’une Conférence internationale à laquelle pourraient être conviés les Etats alliés ou neutres ayant précédemment adhéré à la Conférence de l’Heure et avec lesquels un accord a été établi pour l’envoi quotidien de signaux horaires par T.S.F.

Enfin, dans le cas où la Conférence se prononcerait pour l’avance de l’heure, il y a lieu d’observer que les inconvénients, pour la science et pour la marine, en seraient réduits au minimum si cette mesure gardait un caractère permanent et subsistait durant l’année entière au lieu d’alterner avec des retours temporaires à l’heure normale.”

IV – L’ordre du jour appelle la discussion du projet de détermination par T.S.F. des différences de longitudes : Paris, Shanghaï, San-Francisco.

Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance exceptionnelle du 3 février courant qui a été consacrée à l’examen de ce projet.

A l’occasion du procès-verbal, M. DESLANDRES fait remarquer qu’il a parlé de l’intérêt que présente la détermination de positions très précises pour vérifier l’hypothèse de l’effet de torsion auquel est due, suivant certaine théorie géologique1, la formation de mers intérieures telles que la Méditerranée, la mer des Antilles etc… réparties suivant un grand cercle de la sphère terrestre.

Sous le bénéfice de cette observation, le procès-verbal est adopté.

M. le PRÉSIDENT résume l’état de la question à la suivante de la discussion qui a eu lieu à la dernière séance.

On semble d’accord sur les points suivants :

Accepter le principe du projet ; montrer les progrès accomplis par la T.S.F. ; nécessité pour la France de prendre les devants ; s’occuper dès à présent de l’exécution ; constater que si les progrès de la T.S.F. ont été, du fait [barré : d] même de la guerre, très rapides, ceux de l’astronomie ont été plus faibles pour la même raison ; par suite nécessité de faire des études préliminaires et obligation de demander à cet effet des crédits qui, une fois accordés, engagent l’administration à accepter l’exécution du projet ; commencer les études, faire construire des instruments.

Pour conclure, M. le PRÉSIDENT propose d’écrire au Ministre : 1°/ pour lui exposer le projet et les motifs qui ont amené le Bureau à demander son exécution, en y joignant le rapport de M. le Colonel FERRIÉ ; 2°/ demander un crédit pour les instruments et les études préliminaires relatives à la partie astronomique.

M. le Colonel FERRIÉ pense qu’il serait encourageant pour ceux qui vont s’occuper des études, de savoir que le projet sera réalisé dans un avenir prochain.

M. LIPPMANN dit qu’il serait intéressant de déterminer à Paris la longitude de deux points très voisins sur le même méridien.

M. BAILLAUD dit que cette opération a été faite pour la détermination de la différence de longitude Paris-Washington, puisque les missions françaises et américaines opéraient en même temps isolément en chacun de ces deux points. [signe illisible] Il signale l’importance de la méthode de l’enregistrement des signaux. Pour la détermination des longitudes, il ajoute que dans cette opération, on prend beaucoup d’observations et les erreurs accidentelles se détruisent en grande partie. En ce moment, les constructeurs ont repris leurs travaux. Il semble nécessaire de demander un crédit pour l’achat d’instruments, car ceux qui existent actuellement appartiennent à un service auquel on ne peut toucher. Il faut donc constituer un matériel à part. Une somme de 30.000 francs parait suffisante. [barré : Si l’administration ne peut la donner,]

M. BIGOURDAN pense qu’il serait fort intéressant que le Bureau puisse voir fonctionner les instruments, dans les conditions mêmes où ils doivent opérer.

M. le PRÉSIDENT fait remarquer que la question de l’étude des instruments n’est pas actuellement en discussion et qu’il convient de revenir à l’examen de la proposition qu’il a faite.

M. LALLEMAND croit qu’en ce qui concerne les relations avec l’Amérique et la Grande Bretagne, il serait bon d’engager de suite des conversations officieuses car si on attend l’ouverture de relations officielles par les gouvernements, les délais seraient très allongés.

M. ANDOYER fait observer qu’il est toutefois nécessaire que le gouvernement français soit prévenu. M. LALLEMAND estime qu’il y a deux questions indépendantes : d’abord avoir de l’argent pour les études, puis plus tard, entreprendre des opérations avec le concours des américains et des anglais.

M. le Colonel FERRIÉ qui est en relations fréquentes avec les officiers de l’Observatoire naval de Washington, affirme que ce service a grand désir de collaborer avec nous pour tous les travaux de ce genre.

Après échange de vues, le Bureau approuve la proposition faite par son Président ; MM. ANDOYER & RENAUD sont chargés de rédiger un projet de lettre au Ministre qui sera soumis à l’examen du Bureau.

La séance est levée à 17h15

Le Secrétaire,

J. Renaud

1 Il y a une coquille dans le texte original : « géolodique ».

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Andoyer, Henri (1862-1929)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1919-1923
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 5 février 1919”, 1919-02-05, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 23 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/6538

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