Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Détermination d'un réseau mondial de longitudes

Titre Bureau des Longitudes - Détermination d'un réseau mondial de longitudes
Créateur Ferrié, Gustave Auguste (1868-1932)
Contexte Volume 1919-1923
Date 1919-03-05
Identifiant O1919_1923_013
Relation O1919_1923_012
Format 21,4 x 31 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Dactylographié; Text; Rapport;
Description

Joint au procès-verbal de la séance du 5 mars 1919

BUREAU DES LONGITUDES

- :- :- :- :- :- :-

DÉTERMINATION D’UN RÉSEAU MONDIAL

de

LONGITUDES.

- :- :- :- :- :-

Paris, 5 Mars 1919

BUREAU DES LONGITUDES

-----------

DÉTERMINATION D’UN RÉSEAU MONDIAL DE LONGITUDES

---------

Depuis de longues années les services scientifiques des diverses nations ont exécuté de nombreuses opérations dans le but de déterminer les positions géographiques exactes du plus grand nombre possible de points du globe terrestre ; mais ces opérations, dont l’organisation était si complexe quand il fallait recourir à la télégraphie ordinaire pour effectuer les comparaisons de pendules nécessaires à la détermination de différences de longitude, ont toujours été faites indépendamment les unes des autres, avec les instruments les plus divers et dans des conditions de précision fort inégales. Si l’on a pu, par leur moyen et avec les travaux géodésiques qui leur sont rattachés, obtenir de très nombreux et importants renseignements sur la forme du globe terrestre, il reste encore à désirer un travail d’ensemble à la base duquel se trouverait la connaissance aussi exacte que possible des postions relatives de quelques points du globe, canevas fondamental auquel toutes les déterminations ultérieures seraient rapportées. C’est une œuvre qui, il y a dix ans, eût été jugée irréalisable.

Les progrès très rapides de la télégraphie sans fil, notamment pendant la guerre, ajoutée aux améliorations apportées aux instruments astronomiques, permettent dès maintenant d’envisager avec confiance l’accomplissement de cette œuvre.

Déjà de 1910 à 1914 le Bureau des Longitudes avait appliqué par une méthode nouvelle, la radiotélégraphie à la détermination précise des différences de longitude Paris-Brest, Paris-Bizerte, Paris-Bruxelles et Paris-Washington. Cette dernière opération exécutée simultanément, mais séparément, par une mission française et une mission américaine a donné des résultats dont la précision parait être de l’ordre du centième de seconde de temps.

Le succès de ces diverses opérations avait incité le Bureau des Longitudes à former, en 1914, le projet de déterminer les positions d’une série de points situés aux sommets d’un polygone fermé et tracé approximativement suivant le parallèle moyen de l’hémisphère Nord. Des observations avaient même commencées à Paris et à Poulkovo en Juin 1914, mais la Guerre est venue les interrompre.

Le moment parait venu de reprendre l’étude de la question en tenant compte des modifications considérables qu’elle a subies depuis 1914 :

D’un côté, des progrès de la plus grande importance ont été accomplis pendant la Guerre dans le domaine de la T.S.F. : de puissantes stations ont été mises en service, en utilisant des procédés nouveaux qui augmentent beaucoup la portée des signaux, ceux-ci pouvant être reçus et enregistrés par des moyens également nouveaux et qui donnent une grande sécurité jusqu’à des distances considérables.

Par ailleurs, les recherches faites pour la solution de nombreuses questions d’ordre militaire, ont fourni des appareils ou des modes opératoires applicables à l’amélioration des instruments astronomiques.

Enfin, un important travail effectué en 1915 à l’Observatoire de Paris a montré quelle précision peut donner pour la mesure des latitudes l’astrolabe à prismes de MM. CLAUDE et DRIENCOURT, admirable instrument qui n’a, autant dire, point de causes d’erreur.

Ces diverses considérations ont permis au Bureau des Longitudes d'établir un nouveau projet sur les bases suivantes :

Constituer un polygone, fermé autour de la terre et comportant le plus petit nombre possible de sommets. Celui-ci peut être fixé à trois, situés dans l’hémisphère nord, sur des méridiens écartés de 8 heures les uns des autres, car il est ainsi possible de faire des observations astronomiques simultanées dans deux sommets en opérant en automne ou en hiver.

Déterminer d’une part les latitudes des 3 points et d’autre part les différences de longitude entre les sommets successifs, en effectuant les comparaisons des pendules au moyen de signaux émis par des stations radiotélégraphies puissantes et convenablement choisies. La somme des différences de longitude ainsi déterminées devant être de 360°, on aura une vérification qui donnera une idée assez nette du degré d’approximation des résultats de ces opérations.

Les points qui paraissent avoir la situation la plus favorable pour la réalisation du projet sont Paris Shangai [Shanghai] et la région de San Francisco. Les comparaisons de pendules seraient faites à Paris et à Shangai par les signaux du poste radiotélégraphique de Lyon, à Shangai et à San Francisco par les signaux du poste d’Honolulu, et enfin à San Francisco et à Paris par les signaux du poste d’Annapolis. Il a déjà été vérifié que la réception des signaux était possible dans ces conditions.

Il serait par ailleurs très important de déterminer également en même temps la position géographique d’un point de la Nouvelle Zélande à l’antipode de la France et où l’on perçoit les signaux de T.S.F. français. Cette opération complémentaire, permettrait probablement aussi d’apporter une contribution à l’étude de la propagation des ondes hertziennes à la surface de la terre et peut être même à celle de l’influence de la rotation de la terre sur cette propagation.

Enfin, le Bureau des longitudes souhaiterait vivement que l’Observatoire de Greenwich soit ajouté à la liste des stations à déterminer en raison de l’intérêt qui s’attache à ce que la différence de longitude qui sépare les deux plus anciens observatoires du monde, auxquels sont rapportées un très grand nombre de longitudes soit connue avec la plus grande exactitude.

L’opération d’ensemble ainsi envisagée est aussi simplifiée que possible ; on se trouve en face d’un problème vraiment fondamental et que sa simplicité permettra de reprendre de temps en temps : avoir à la surface de la terre quatre points formant les sommets d’un tétraèdre, connaître avec la plus grande exactitude leurs positions relatives. L’avenir dira avec sûreté si ces positions sont invariables au degré de précision des déterminations ou si la terre subit des déformations continues : question de la plus haute importance à laquelle les nombreuses opérations de détail telles que celles faites dans le passé n’auraient jamais permis de répondre.

Ainsi posée, la question intéresse au même degré les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne et la Nouvelle Zélande. Elle présente également de l’intérêt pour les autres nations, dominions ou colonies qui pourront utiliser les signaux radiotélégraphiques, émis pour les opérations principales, à la détermination de certaines positions importantes situées sur leurs territoires.

Il parait indispensable au surplus, si l’on admet que les opérations seront faites par une seule mission composée d’observateurs appartenant aux diverses nations associées, de ne faire usage que de procédés et d’appareils partout identiques, de manière à éliminer, le cas échéant, par la fermeture du polygone, certaines erreurs systématiques que pourraient comporter les méthodes et appareils employés.

Le Bureau des longitudes a déjà mis à l’étude l’adaptation des nouveaux procédés de T.S.F. au lut envisagé ainsi que l’amélioration des instruments astronomiques méridiens et des astrolabes, et notamment l’emploi de la photographie dans ces derniers. Il y aurait une très grande utilité à ce que les services scientifiques et techniques intéressés en Angleterre st aux Etats-Unis procèdent à des recherches analogues.

Des délégués qualifies des trois nations pourraient ensuite se réunir à Paris pour discuter, et même pour expérimenter si cela est possible, les procédés et appareils proposés par chacune d'elles, tant pour l’enregistrement simultané des signaux de T.S.F. et des battements des pendules, que pour la détermination de l’heure et de la latitude.

La construction des appareils qui auraient été choisis à la suite de cet examen serait confiée à la Nation qui les aurait présentés, à charge pour les deux autres de rembourser les dépenses afférentes à l’achat de ceux qu’elles emploieraient elles-mêmes pour l’exécution des opérations.

Le programme détaillé de celles-ci ainsi que la date de leur exécution seraient aussi établis au cours de la même réunion. Comme il ne parait pas possible d’achever les études préliminaires dans un délai assez court pour que les opérations puissent être effectuées pendant l’hiver 1919-1920 et que l’exécution de celles-ci ne pourra par suite être faite qu’à partir de l’automne de 1920, la réunion préalable des délégués techniques pourrait avoir lieu en Octobre 1919, à Paris, en laissant ainsi aux spécialistes tout le temps nécessaire pour la mise au point des solutions à présenter à cette réunion.

Les décisions de cette commission préparatoire seraient aussitôt portées à la connaissance des nations associées, afin que celles qui ne sont pas directement intéressées aux opérations fondamentales puissent éventuellement utiliser, si elles le jugent convenable, pour leurs opérations particulières, les procédés et appareils adoptés pour les premières.

Le Président

du Bureau des Longitudes :

E.C.M.R.N°4665

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1919-1923
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Détermination d'un réseau mondial de longitudes”, 1919-03-05, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 29 mars 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/6543

Item Relations

This item has no relations.

FR751142302_006_015538_A.jpg
FR751142302_006_015539_A.jpg
FR751142302_006_015540_A.jpg
FR751142302_006_015541_A.jpg
FR751142302_006_015542_A.jpg
FR751142302_006_015543_A.jpg
FR751142302_006_015544_A.jpg
FR751142302_006_015545_A.jpg
FR751142302_006_015546_A.jpg
FR751142302_006_015547_A.jpg
FR751142302_006_015548_A.jpg
FR751142302_006_015549_A.jpg
FR751142302_006_015550_A.jpg
FR751142302_006_015551_A.jpg