Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 6 juin 1888

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 6 juin 1888
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1886-1890
Date 1888-06-06
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896); Loewy, Maurice (1833-1907); Fizeau, Hippolyte (1819-1896); Abbadie, Antoine d' (1810-1897); Pâris, Edmond (1806-1893); Faye, Hervé (1814-1902); Cloué, Georges Charles (1817-1889); Cornu, Alfred (1841-1902); Janssen, Pierre Jules César (1824-1907); Bouquet de La Grye, Anatole (1827-1909);
Identifiant O1886_1890_150
Relation O1886_1890_151
Format 17,7 x 24,6 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 6 Juin 1888.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-rendus N° 22

Bullet. adm. N° 805

Rev. marit. N° de Juin

Bureau Veritas N° d'Avril

Astr. Nachr. N° 2842

Circul. de Berlin N° 320

Le Ministre envoie une copie approuvée du budget de 1888 ; on en accuse réception.

M. Mouchez indisposé écrit qu'il n'a pu trouver sur son budget les 3000f nécessaires pour la longitude de Greenwich ; il les a demandés au Ministre qui n'a pas encore répondu.

On parle du médimarimètre de M. Lallemand.

M. Fizeau fait observer que, dans cet appareil, la dialyse peut produire des différences de niveau si l'eau n'a pas la même densité de part et d'autre de la cloison poreuse ; il fait observer que la constitution physique de l'eau de la mer à la surface peut varier, notamment en raison du voisinage des fleuves.

M. Faye fait remarquer que les marégraphes ordinaires enregistrent les ras de marée [raz-de-marée] et les ondes provenant d'une commotion telle que celle du Krakatoa, ce qui n'arrive pas dans l'appareil de M. Lallemand.

M. d'Abbadie donne lecture de sa proposition [en marge, au stylo rouge : proposition ci-jointe. Voir à la suite du P.V. du 13 Juin 1888, une proposition supplémentaire (séance de la Commission réunie à cet effet).] de mesure d'un degré dans le voisinage de l'équateur, au Congo français par exemple.

M. le Président renvoie l'examen de la question à une commission composée de MM. Bouquet de la Grye, d'Abbadie et Tisserand.

Plusieurs membres disent qu'il y aurait à faire une étude préparatoire sur les lieux, pour [barré : indiq] reconnaître le terrain et indiquer l'emplacement de la base et des principaux signaux.

M. Bouquet de la Grye pense qu'on devrait aborder immédiatement l'opération définitive.

M. Fizeau croit que l'expédition préparatoire est utile, qu'on pourrait dresser ainsi un projet sérieux pour la mesure définitive. M. Faye dit que si l'opération est utile au Congo, on pourra obtenir des fonds du gouvernement. Il serait bon d'avoir une lettre de M. de Brazza indiquant qu'une carte exacte du Congo sera bientôt nécessaire.

M. Bouquet de la Grye apportera mercredi prochain la carte du Congo. Il est entendu d'ailleurs que les opérations à effectuer se feront au nom du Bureau.

M. Fizeau dit que, dans l'ouvrage de Nordenskiöld sur le Groënland, qui vient d'être édité par la maison Hachette, il y a un dessin d'un immense glacier traversé par un long canal rectiligne large de 2 à 300 mètres ; ces glaciers du Groënland, en raison de leur étendue considérable, peuvent présenter des phénomènes que l'on ne retrouve pas sur les glaciers connus des Alpes. Le canal en question [barré : présente] offre une grande analogie avec celui qu'a indiqué récemment M. Perrotin, comme traversant la calotte blanche de Mars. On est porté à [barré : M. Fizeau fait observer] penser que les autres canaux rectilignes de Mars pourraient avoir une origine analogue.

M. Fizeau fait observer que Mars ne reçoit que les 4/9 de la chaleur solaire qui tombe sur la Terre ; ce sont des conditions favorables à la production des glaciers. Il semble du reste que l'atmosphère de Mars est beaucoup moins dense que celle de la Terre ; la chaleur devrait donc s'y emmagasiner moins facilement que dans notre atmosphère. M. Fizeau cite, à l'appui de sa manière de voir, la couleur rouge de Mars, qui n'existe pas chez les autres planètes. Cela paraît indiquer la prédominance de la vapeur d'eau sur les autres gaz. [barré : ainsi, l'air est bleu] [en marge : La lumière de la Lune est, d'après Arago, bleue-verdâtre ; [barré : si Mars ressemblait à la Terre] c'est en somme la [mot barré] couleur de la Terre vue de la Lune ; si Mars ressemblait à la Terre, il nous paraîtrait bleu et non pas rouge.] Il y a donc des raisons de penser qu'il existe sur Mars une période glaciaire universelle.

M. Fizeau demande à M. Janssen si l'on a acquis par la spectroscopie des documents précis sur l'atmosphère de Mars. M. Janssen répond qu'il est frappé des idées ingénieuses émises par M. Fizeau, Quant à l'atmosphère de Mars, on ne sait guère qu'une chose jusqu'ici, c'est qu'elle contient de la vapeur d'eau.

M. Janssen s'occupe actuellement de rechercher la présence de l'oxygène dans le Soleil et dans les planètes. Les résultats annoncés par Draper pour le Soleil n'ont pas de valeur réelle ; la [barré : raies] présence des raies β de l'oxygène dans le spectre solaire ne prouve rien de concluant parce que l'atmosphère terrestre les donne avec une grande intensité. Heureusement les bandes de l'oxygène signalées par M. Janssen ne sont visibles que quand l'épaisseur du gaz traversé est très considérable ; [barré : on ne les trouve pas dans le spectre solaire, quand] pour un rayon traversant normalement l'atmosphère, l'épaisseur n'est que le 1/14 de ce qu'elle devrait être pour produire les bandes. L'atmosphère terrestre ne peut donc pas les donner dans les conditions normales, de sorte que si on les trouvait dans le spectre de Mars, on serait certain qu'elles proviennent de cette planète. Il y a là des recherches intéressantes que M. Janssen se propose de faire.

M. Faye dit que les observations de M. Perrotin sur l'inondation récente de la Libye, semblent indiquer que Mars n'est pas aussi froid que le suppose M. Fizeau.

M. Fizeau fait remarquer que Mars n'a pas de bandes comme Jupiter ; il y a là une raison de plus d'admettre que l'atmosphère de Mars n'est pas très dense.

M. Bouquet de la Grye pense qu'on pourrait arriver à quelques notions sur l'intensité de la radiation à la surface de Mars, en observant les variations d'étendue de la tache polaire avec les saisons.

La séance est levée à 5 heures ¼.

Le secrétaire,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1886-1890
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 6 juin 1888”, 1888-06-06, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 20 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4265

Item Relations

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