Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 22 oct. 1890

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 22 oct. 1890
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1886-1890
Date 1890-10-22
Contributeur Loewy, Maurice (1833-1907); Brunner, Emile (1834-1895); Faye, Hervé (1814-1902); Tisserand, Félix (1845-1896); Mouchez, Ernest (1821-1892); Fizeau, Hippolyte (1819-1896); Pâris, Edmond (1806-1893); Bouquet de La Grye, Anatole (1827-1909); Bonnet, Ossian (1819-1892); Janssen, Pierre Jules César (1824-1907);
Identifiant O1886_1890_304
Format 17 x 24,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 22 octobre 1890.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-rendus, 15

Bullet. Adm. 927

Bullet. Météorol. 288-294

Nature 1094

Astr. Nachr. 2996-98

Missions scientif. t. 15, Table des archives.

On parle de la comète de d'Arrest, qui après avoir été longtemps inobservée, vient d'être retrouvée, grâce à l'éphéméride de M. Leveau.

M. Fizeau annonce que M. Sarrau a terminé le Tableau des points critiques, avec une petite introduction, qu'on lui avait demandé pour l'Annuaire. [barré : il le remettra à l'Imprimerie dans le courant de la semaine.

M. Janssen dit qu'en principe, M. Sarrau aurait dû le remettre à la Commission de l'Annuaire. Comme le temps presse, on enverra les premières épreuves à M. Janssen.]

M. Fizeau entre dans quelques détails pour montrer l'intérêt qui s'attache à la note en question. Il dit notamment que M. Sarrau, en partant des expériences de M. Amagat, avait calculé par sa théorie le point critique de l'oxygène, et qu'il avait obtenu ainsi, à quelques degrés près, le nombre que les physiciens polonais ont trouvé ensuite par l'expérience.

M. le Président donne la parole à M. Perrotin, pour présenter ses recherches sur la rotation de Vénus.

M. Perrotin explique que ces recherches font suite à celles qu'il avait entreprises en 1889, en vue de vérifier la découverte de Schiaparelli. Les observations ont été faites en plein jour ; on a obtenu 61 services pendant 74 jours. L'examen des dessins et des cahiers d'observation permet à M. Perrotin de dire que l'aspect de la planète ne change pas sensiblement d'un jour à l'autre, ni aux diverses heures d'une même journée. Les changements apparents que l'on pourrait déduire, dans le courant d'un jour, d'observations imparfaites, tiennent seulement aux variations des conditions atmosphériques. Mais, quand on suit constamment la planète, on se rend bien compte que ces changements ne sont pas réels.

M. Perrotin formule ainsi ses conclusions :

1° la rotation de la planète est très lente ; la position relative du terminateur et d'une tache qui en est voisine ne présente pas de variations sensibles pendant plusieurs semaines ; la durée de la rotation ne doit pas différer de celle de la révolution sidérale de Vénus de plus de 30 jours ; il semble cependant que les observations donnent pour la rotation un nombre un peu plus petit que 225 jours.

2° L'axe de rotation est sensiblement perpendiculaire au plan de l'orbite ; il est possible toutefois qu'il y ait une petite inclinaison, 15° au plus, entre l'équateur et l'orbite.

M. Perrotin parle ensuite d'une seconde partie de son travail, dans laquelle il divise la planète en deux régions présentant au point de vue de l'intensité et de la coloration de la lumière des différences sensibles.

M. Fizeau fait observer que Schiaparelli a noté près de l'une des cornes des taches blanches très nettes ; il demande à M. Perrotin s'il les a vues.

M. Perrotin dit qu'on peut les voir, mais avec moins d'éclat, sur ses dessins.

M. Bouquet de la Grye demande si M. Perrotin n'a pas constaté de protubérance dans le voisinage du pôle boréal.

M. Perrotin répond que le terminateur est un peu déformé et bombé. M. Fizeau fait encore remarquer que, sur les dessins de Schiaparelli, il n'y a pas de variation sensible dans les positions relatives des taches et du terminateur, tandis que les dessins 1 et 5 de M. Perrotin indiquent nettement un [barré : petit] déplacement notable.

M. Perrotin dit que les dessins de Schiaparelli répondent à des époques très voisines, tandis que les siens embrassent plusieurs mois ; de plus, il y a le raccourci près du bord, qui rend, chez Schiaparelli, les variations moins sensibles.

M. Faye, au nom du bureau, remercie M. Perrotin pour son importante communication.

M. Tisserand dit que les observations de M. Perrotin montrent que l'atmosphère terrestre joue un rôle perturbateur très gênant ; on obtiendrait sans doute d'excellents résultats si l'on pouvait observer au pic du midi, même avec une lunette de 8 pouces.

M. Faye pense que c'est là une question urgente ; on pourrait en parler au Ministre, on écrira d'abord à M. Vaussenat.

M. Tisserand dit qu'il a déjà écrit deux fois à M. Vaussenat, et qu'il n'a pas reçu de réponse.

M. Janssen fait remarquer qu'il doit exister au Pic du Midi une lunette de 8 pouces, car l'académie a donné 4000f pour lui construire une coupole.

M. Janssen dit qu'il résulte seulement des observations de M. Perrotin que la planète tourne très lentement ; il n'est pas encore certain que l'égalité des deux mouvements soit réalisée ; une rotation plus rapide établirait une transition [en marge : de la part de Vénus] entre Mercure et la Terre.

M. Perrotin répond que, s'il y a une différence, elle doit être faible. M. Fizeau appelle l'attention sur l'idée originale qu'a eue Schiaparelli d'observer la planète en plein jour. Autrefois, on observait après le coucher du soleil, presque à la même heure, et par de faibles hauteurs. Les taches étaient peu visibles, et leur aspect presque le même. Quand la hauteur de la planète est plus grande, on aperçoit plus de détails ; cela prouve l'importance des observatoires élevés. Il prie M. Perrotin de continuer ses observations si intéressantes, en s'attachant à retrouver les taches blanches de Schiaparelli.

M. Perrotin dit ensuite qu'il y a deux ans, il avait signalé un assombrissement de la Libye, dans l'image de Mars, et qu'il avait été contredit sur ce point par plusieurs astronomes, notamment par M. Terby. Or, le 24 juin dernier, M. Terby a constaté lui-même cet assombrissement, ce qu'avait observé également M. Perrotin, sans avoir connaissance de l'observation de M. Terby.

La séance est levée à cinq heures.

Le secrétaire,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1886-1890
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 22 oct. 1890”, 1890-10-22, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 23 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4417

Item Relations

FR751142302_006_008351_A.jpg
FR751142302_006_008352_A.jpg
FR751142302_006_008353_A.jpg
FR751142302_006_008354_A.jpg