Séance du mercredi 14 janvier 1846

Séance du mercredi 14 janvier 1846

On lit le procès-verbal de la séance précédente : il est adopté.

M. Arago présente de la part de M. Schumacher l'éphéméride de la planète Astrée, calculée jusqu'à la date du 28 avril 1846.

On parle du modèle en relief de la lune qui a été exécuté à Hanovre par Mme Witte.

Il est donné lecture de la lettre ci-jointe de M. Eugène Bouvard.

M. Arago témoigne, ainsi qu'il le fit lundi dernier à l'Académie, combien il a été peiné qu'on l'ait forcé de s'expliquer catégoriquement sur le mérite de M. Eugène Bouvard, considéré comme observateur. M. Arago n'avait point fait de remarque critique sur l'ordre de présentation des candidats, adopté par la section d'astronomie, jusqu'au moment où dans une argumentation qui <malheureusement> ne prêtait à aucune équivoque, un académicien essaya de faire marcher les titres de M. Bouvard de pair avec ceux de MM. Laugier et Mauvais, aujourd'hui membres de l'Académie. Le directeur de l'Observatoire ne pouvait pas s'empêcher de combattre une assimilation qui, suivant lui, manquait de base, et de faire ressortir le mérite, l'intérêt [barré : de certaines observations] de certaines découvertes astronomiques [barré : dont on avait parlé avec beaucoup de dédain].

M. Eugène Bouvard, sa lettre le prouve surabondamment, n'a pas été exactement informé de ce qui a été dit dans le comité secret de l'Académie. Au surplus, M. Arago émet le vœu que le Bureau donne à ce jeune homme le temps de revenir sur la détermination qu'il a prise dans un moment d'irritation, et qu'on ne statue sur sa démission que dans la séance de mercredi prochain. D'ici là, plusieurs membres du Bureau pourraient l'éclairer et lui donner des conseils bienveillants. M. Arago déclarerait au reste, dès ce moment, si cela semblait nécessaire, qu'il n'éprouve aucun ressentiment à l'occasion des choses plus ou moins blessantes qui ont été articulées contre lui, et que M. Eugène Bouvard trouverait à l'Observatoire, en ce qui dépendrait du directeur, tous les moyens de sortir de la position pénible où des circonstances récentes viennent de la placer.

Après une discussion approfondie, le Bureau arrête : qu'il n'y a pas lieu à donner suite à la demande de M. Eugène Bouvard, tendant à la nomination d'une commission qui se prononcerait sur la valeur de ses observations astronomiques ; que la démission de la place d'élève astronome donnée par M. Eugène Bouvard est provisoirement acceptée ; qu'on attendra à mercredi prochain pour statuer à ce sujet définitivement ; que d'ici là, des démarches pourront être tentées officieusement auprès de M. Eugène Bouvard, pour lui faire sentir toute la gravité de la détermination qu'il vient de prendre.