Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 2 novembre 1881

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 2 novembre 1881
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1881-11-02
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896); Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1881_1885_048
Format 17,2 x 24,9 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 2 Novembre 1881.

Présidence de M. Faye.

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu, et il est adopté ;

Le Bureau reçoit :

le N° 17 des Comptes-Rendus ;

le N° 44 du Journal Général de l'Instruction Publique ;

une brochure de M. Diaz Covarrubias, [barré : relative à] intitulée : "sur l'influence de la chaleur solaire sur la figure générale de la Terre."

M. d'Abbadie adresse deux notes pour résumer des communications qu'il a faites dans la séance du 19 octobre dernier ; le Bureau décide que ces notes seront annexées au procès-verbal de la dite séance.

M. Fizeau communique une Note rédigée au nom des géodésiens américains, par M. le Général Comstock ; cette note est relative aux variations des règles géodésiques avec la température. La Commission <américaine> a un mètre, et des règles à barres d'acier et de zinc, formant thermomètre métallique, le tout construit par Repsold. Les géodésiens américains ont comparé les longueurs du zinc à différentes températures ; il résulte de leurs recherches qu'une barre de zinc qui a subi pendant <assez> longtemps un accroissement de température notable (20° environ dans les expériences citées), ne reprend pas sa longueur primitive, lorsque la température redevient ce qu'elle était d'abord ; il reste un allongement permanent sensible, qui ne peut être attribué aux erreurs d'observation.

M. Comstock demande à M. Fizeau s'il a observé des phénomènes analogues, dans ses recherches sur les dilatations des métaux. M. Fizeau répond affirmativement ; il a trouvé que, pour une même température, la dilatation varie d'une barre de zinc à une autre ; aussi, n'a-t-il donné dans l'Annuaire que le coefficient de dilatation relatif à du zinc en poudre, et comprimé. Du reste, les métaux dits cristallins, [barré : offrent des d] présentent des dilatations très inégales. C'est qu'en effet, la plupart d'entre eux ne cristallisent pas dans le système régulier ; les cristaux sont des rhomboïdes aigus qui donnent des dilatations différentes suivant l'axe, ou suivant une perpendiculaire à l'axe ; il en résulte, lorsque la température vient à varier, des pressions, des fractures intérieures, et les molécules ne reviennent pas à leurs positions primitives, [barré : lorsque] quand la température reprend sa valeur initiale. M. Fizeau croit donc nécessaire de recommander aux constructeurs d'éviter l'emploi du zinc.

Les mesures faites par les géodésiens américains avec des règles acier et zinc sont entachées d'erreurs portant sur la détermination des températures des règles.

Les règles de Borda ne présentaient pas cet inconvénient.

M. Fizeau fait remarquer ensuite que l'acier présente aussi des inconvénients ; il est presque toujours trempé, et alors, ses dilatations sont irrégulières ; il faudrait employer de l'acier recuit, et entièrement détrempé ; quand on trempe l'acier, sa densité diminue ; si on le fait recuire ensuite, il revient un peu à son volume primitif, mais pas entièrement, si le recuit est incomplet. On est donc exposé à avoir de l'acier toujours un peu trempé, et alors, c'est une matière qui est toujours en mouvement.

Il faudrait donc aussi éviter l'emploi de l'acier.

Le platine est excellent, le cuivre rouge aussi ; il en est de même, de l'or, de l'argent, et même du plomb qui cristallise dans le système régulier.

A l'appui de ce qui vient d'être dit par M. Fizeau, M. Breguet rapporte que, dans les balanciers de ses pendules, il emploie depuis un certain temps de l'acier et du zinc ; or, les barres de zinc forgé, et ensuite étiré, ont présenté souvent des longueurs différant de 5 ou même 20 centimètres des longueurs calculées d'avance. M. le Colonel dit que le fait mentionné par les géodésiens américains, avait été constaté antérieurement en Allemagne, où le général Bayer [Baeyer] avait montré que le zinc employé par Bessel dans ses règles géodésiques, présentait l'inconvénient indiqué plus haut. La même constatation a été faite en Belgique où les règles de Bessel avaient été employées.

On s'est décidé finalement, en Allemagne, à se servir de règles platine et cuivre ; et il faut reconnaître que c'est là une source de difficulté pour la comparaison des mesures actuelles avec les anciennes.

M. Faye invite M. l'Amiral Cloué à rendre compte des démarches qu'il a faites relativement à l'augmentation de traitement des Membres du Bureau. Il a remis en conseil des Ministres, à M. le Ministre de l'Instruction Publique, la note de M. Faye, dont il a été parlé dans la dernière séance. M. l'amiral Cloué a parlé de la question à M. le Président de la République, qui de son côté l'a vivement recommandée à M. Jules Ferry ; enfin, M. l'amiral Cloué en a parlé également à M. le Directeur de l'Enseignement supérieur, [barré : qui] qui a paru devoir porter sur le budget de 1883 l'augmentation demandée.

Il est décidé que M. Cloué rappellera la chose à M. Jules Ferry, et que M. Janssen fera une démarche auprès de M. Dumont, pour savoir si l'inscription au budget a eu lieu.

Une discussion s'engage ensuite sur la loi de Messidor, qui a organisé le Bureau des Longitudes, et sur les décrets relatifs au Bureau, rendus sous le second Empire.

M. Faye demande s'il ne faudrait pas proposer simplement de revenir à la loi de Messidor.

M. Janssen pense qu'il serait difficile de revenir actuellement à l'état de choses créé par la loi de Messidor [barré : cette voie serait compliquée ; si on l'adoptait, il faudrait demander que le Bureau formât le Conseil des observatoires de province].

M. le Colonel Perrier fait remarquer que le Bureau est menacé de perdre la direction de la physique du globe, et en particulier du magnétisme. Le Bureau pourrait se réserver le contrôle des observations magnétiques faites dans les grands observatoires astronomiques. Le Ministre avait demandé l'avis du Bureau sur un ensemble d'observations magnétiques à organiser ; M. Perrier demande si l'on a répondu au Ministre. M. Faye répond qu'on va s'occuper de la question à la quelle on ne pouvait du reste répondre immédiatement ; il fallait savoir en effet si les observations projetées devaient se rapporter à la France seulement, ou au globe entier ; dans ce dernier cas, il fallait des études préparatoires.

M. Perrier dit que les autres nations organisent des expéditions magnétiques considérables, aux environs des deux pôles magnétiques. Le Bureau devrait organiser des méridiens fondamentaux, comme il l'a fait autrefois pour les [barré : magnétisme] longitudes, et confier les observations magnétiques aux officiers de marine.

M. Loewy rappelle que les cartes magnétiques actuelles sont entachées d'erreurs considérables, et que c'est, pour la marine, un besoin impérieux que ces cartes soient reprises avec exactitude.

M. Faye signale un second point de la question ; doit-on installer en plusieurs points de la France, et à poste fixe, des instruments enregistreurs ?

Il y a encore un troisième point à considérer ; tous les marins français qui ont fait autrefois des séries d'observations magnétiques, ont également observé le pendule ; or, il y a deux ans, le Congrès géodésique international a invité toutes les nations à reprendre les mesures du pendule, les anciennes n'étant plus au niveau de la science. Il semble donc qu'on devrait faire exécuter des mesures du pendule, en même temps que des observations magnétiques, par les officiers de la marine française.

C'est donc en somme un vaste plan de travail.

Il est entendu que M. Faye écrira au Ministre pour lui exposer la question dans son ensemble.

M. Janssen rappelle qu'on va faire des expéditions magnétiques ; c'est le Bureau des Longitudes, et non le Bureau météorologique, qui devrait en avoir la direction.

M. Loewy dit qu'il serait important d'évaluer les dépenses que nécessiteront les observations projetées.

La séance est levée à 5 heures.

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 2 novembre 1881”, 1881-11-02, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 26 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/3876
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