Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Séance du 9 janvier 1884

Titre Bureau des Longitudes - Séance du 9 janvier 1884
Créateur Tisserand, Félix (1845-1896)
Contexte Volume 1881-1885
Date 1884-01-09
Contributeur Tisserand, Félix (1845-1896) ; Faye, Hervé (1814-1902);
Identifiant O1881_1885_182
Format 17 x 24,8 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Manuscrit; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes – Séance du 9 Janvier 1884.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-rendus, N° 27 ;

Bulletin Administratif, N° 578 ;

Astron. Nachr. – Nos 2565-66 ;

Natur, Nos 739 & 740.

Une lettre et Un mémoire de M. Beuf sur la détermination de la différence de longitude entre Buenos-Ayres [Buenos-Aires] et Valparaiso ; le Mémoire est accompagné des bandes chronographiques.

Une lettre du Ministre de l'Instruction Publique annonçant qu'un secours de 500f est accordé à Madame Lombard, cousine germaine de M. Bouchet, calculateur principal du Bureau, décidé récemment. Une seconde lettre du Ministre de l'Instruction Publique contient les pièces justificatives des [barré : Min] dépenses faites par le Ministère de la Marine, dans la dernière expédition de M. Janssen.

Une troisième lettre du Ministre annonce que, sur la proposition du Bureau, M. de Bernardières a été nommé officier de l'Instruction Publique, et M. Favereau, officier d'Académie. Enfin, dans une dernière lettre, le Ministre de l'Instruction publique transmet au Bureau, de la part du Ministre des Affaires Etrangères, une lettre qui lui a été adressée par le consul de France à Chicago, relativement à l'unification des heures aux Etats-Unis.

A propos du procès-verbal, M. d'Abbadie dit qu'il a appris par M. Angot, qu'on trouve dans la météorologie de Kaemtz [Kämtz] la description de lueurs crépusculaires identiques à celles du dernier mois, et qui ont été observées en 1831 ; cela prouverait que la cause des lueurs actuelles ne peut pas être attribuée à l'éruption de Java ; cela est dû probablement à des poussières météoriques ; M. d'Abbadie rappelle qu'on a trouvé récemment sur le sol, en Angleterre, des poussières contenant du fer et du nickel, ce qui se présente [barré : seulement] dans le cas des météorites.

M. Faye fait remarquer qu'on a trouvé des fers semblables, au Groënland, et qu'on leur avait d'abord assigné une origine météorique ; on a reconnu depuis que ces fers contenant du nickel, avaient été apportés des profondeurs du globe, avec des masses de basalt.

M. d'Abbadie demande pourquoi on n'a pas étudié en France les lueurs crépusculaires au spectroscope.

M. Janssen répond qu'il les a observées ainsi ; il n'est pas arrivé à des conclusions précises ; toutefois, il pense que le phénomène ne provient pas de la vapeur d'eau, mais qu'il est plutôt produit par des particules solides, qu'on sait, depuis Fresnel, colorer en rouge les rayons solaires. M. d'Abbadie fait remarquer que la hauteur de ces poussières serait de 60 kilomètres.

A propos de la lettre de M. Beuf, M. l'Amiral Mouchez dit que le procédé que cet officier se propose d'employer, pour faire la carte de la République Argentine, lui permettra d'arriver promptement à un bon résultat, sans faire la géodésie qui serait difficile ; car, le pays étant absolument plat, les triangles devraient être très petits ; M. Gould avait demandé 5 millions pour faire cette carte.

Le Mémoire de Beuf est renvoyé à l'examen de MM. Mouchez, Loewy et Tisserand, qui diront quelle suite on doit lui donner.

M. d'Abbadie a cherché inutilement dans le dernier Annuaire le Pic du Midi, dans la liste des lieux habités, situés à de grandes hauteurs ; M. Tisserand répond que la demande d'insertion est arrivée trop tard ; du reste, il a écrit à M. Vaussenat pour avoir la hauteur exacte de la maison d'habitation, et il n'a pas reçu de réponse.

M. d'Abbadie fait remarquer en second lieu qu'une montagne d'Ethiopie est appelée Faala, tandis que le vrai nom est Taala. Enfin M. d'Abbadie désirerait voir figurer dans l'Annuaire les unités électriques.

MM. Loewy et Fizeau disent qu'il y a encore de l'incertitude sur ces unités, et demandent à M. d'Abbadie quel tableau il faudrait insérer.

M. d'Abbadie pense qu'on pourrait déjà donner des définitions des ampères, des ohms, etc. ; M. Fizeau répond qu'on n'a pas encore trouvé de table bien satisfaisante sur les résistances des divers métaux.

M. Faye prie M. Fizeau d'examiner encore la proposition de M. d'Abbadie.

On procède par la voie du scrutin à la désignation des Membres du Bureau pour 1884 ; le résultat est le suivant :

Président, M. Faye ;

Vice Président, M. l'amiral Cloué ;

Secrétaire, M. Tisserand ;

Ces nominations sont transmises au Ministre, en le priant de les soumettre à l'approbation du Président de la République.

M. le Colonel Perrier présente des cartes de l'Algérie au 1/50000 ; il accompagne sa présentation de l'historique suivant :

Peu de temps après la conquête, les officiers d'Etat major ont fait sur le pays une géodésie expéditive qui a servi de base à la topographie ; on a mesuré de petites bases, et fait une petite triangulation ; on a fini par obtenir un ensemble, et des cartes peu exactes, qui existaient seules jusqu'à ces derniers temps. Le Dépôt de la Guerre s'est préoccupé de faire une grande carte de l'Algérie, analogue à celle de la France ; on a fait [barré : sous la direction du Colonel Perrier ?], la triangulation du premier ordre ; celle du second ordre est presque achevée ; la carte régulière n'a été commencée qu'en 1868 ; on s'est arrêté à l'échelle du 1/50000 pour la publication. On a adopté la projection de Bonn, en conservant comme méridien central celui de Paris ; on a changé le parallèle moyen, et adopté celui du 39ème grade ; on a obtenu ainsi une excellente projection, qui ne donne qu'une altération de 5', pour l'angle des méridiens et des parallèles, aux limites de la carte.

M. Perrier a fait calculer des tables numériques analogues à celles de Plessis ; elles seront publiées dans le Mémorial du Dépôt de la Guerre. Les cartes sont en couleur.

M. Perrier donne des détails sur la gravure ; la pierre aurait été chère et encombrante ; le cuivre, très cher aussi, présentait des difficultés ; on s'est arrêté au zinc qui se grave très facilement ; les hachures ont été remplacées par un estompage.

Il y aura 200 feuilles en tout ; 50 seront achevées en 1884. M. Perrier présente des cartes analogues, faites pour l'est, et le sud-est de la France, également au 1/50000.

M. d'Abbadie trouve que l'estompage des courbes est très ingénieux. Il parle ensuite des déliés, qui rendent la gravure des noms très difficiles à lire.

M. Perrier dit qu'il a eu de la peine à supprimer les déliés ; il y est arrivé en ne faisant plus graver les lettres, qui sont imprimées par la typographie ; on gagne ainsi beaucoup de temps.

M. d'Abbadie pense que c'est là un progrès considérable.

M. Mouchez regrette que, sur d'aussi belles cartes, [mot barré] on se soit borné à représenter la mer en bleu, par des courbes parallèles à la côte, comme on le faisait autrefois ; il aurait mieux valu laisser la mer en blanc, et y tracer seulement trois ou quatre courbes de niveau <du fond> ; les cartes auraient ainsi présenté un caractère scientifique dans tous leurs détails.

M. Perrier dit qu'il n'avait pas ces courbes de niveau.

M. Mouchez répond que sa carte minute au 1/25000 a été communiqué aux officiers d'Etat Major ; elle a servi à faire une carte au 1/200000, qui est publiée depuis 10 ans.

M. Faye remercie M. Perrier de son intéressante communication.

M. l'Amiral Cloué dit que l'Annuaire n'est pas encore en vente, qu'il n'y sera que le 15 Janvier, et que cela résulte de l'annonce imprimée par M. Gauthier-Villars lui-même ; il y a là un état de choses auquel le Bureau pourrait remédier. M. Perrier signale la page 359 de l'Annuaire, où une grande partie de l'Algérie est inscrite sous la rubrique "Afrique australe et îles".

M. Faye remercie le Bureau de l'avoir choisi comme Président. Il parle des visites officielles que le Bureau, conformément à l'usage, fera dans peu de jours, au Président de la République et au Ministre ; il pense qu'il faudrait être fixé sur les demandes qui devront être faites au nom du Bureau, dans ces deux visites.

Doit-on parler de la création de deux places de Membres libres? de la solution concernant l'observatoire de Nice, que M. Bischoffsheim veut céder au Bureau?

Doit-on enfin adresser des demandes d'argent, soit pour le Bureau, soit pour les calculs de la Connaissance des temps?

M. Loewy pense qu'on doit voir d'abord ce qui a été demandé l'an dernier ; il y aura lieu de se demander ce qui doit être maintenu. On décide, après discussion, que M. Faye adressera à l'Elysée une demande d'audience ; que M. Loewy présentera au Bureau mercredi prochain les demandes de l'an passé, qu'on les examinera, et qu'on demandera ensuite une audience au Ministre.

Il est entendu également que M. Loewy consultera M. Mouchez sur l'extension qu'il y aurait lieu de donner à l'observatoire de Montsouris.

M. Mouchez dit qu'il faudrait d'abord un adjoint pour remplacer M. Trépied ; M. Faye répond que cela regarde le Bureau, et qu'actuellement, on n'a pas de nouvel adjoint sous la main. M. Loewy parle d'un jeune homme qui lui a été recommandé par M. l'Amiral Pâris, comme calculateur ; il a fait de très bonnes études à l'Ecole Polytechnique de Zürich, et a travaillé à la triangulation suisse ; il n'y a qu'un inconvénient, c'est qu'il n'est pas naturalisé français. En raison des besoins pressants du Bureau des Calculs, M. Loewy est autorisé à employer ce jeune homme, <à titre> provisoire [barré : ment].

On a parlé aussi de M. Koralek, qui ferait un bon calculateur, mais qui a été trouvé un peu âgé.

M. Mouchez demande pour l'observatoire de Montsouris le théodolite magnétique appartenant au Bureau, et qui a été rendu récemment par M. d'Abbadie.

Cette demande est agréée ; M. Mouchez donnera un reçu de l'instrument.

M. d'Abbadie <annonce au Bureau qu'il> est convaincu que l'intensité de la pesanteur obtenue en un même lieu, par le pendule, à diverses époques, est sujette à des variations ; il donnera des détails plus tard ; il désire que sa remarque soit mentionnée au Procès-verbal.

M. Faye dit qu'en Italie, on a attaché de l'importance aux observations de M. d'Abbadie sur la verticale.

M. Janssen dit qu'il en est de même en Amérique, comme il a pu s'en assurer dans son dernier voyage.

La séance est levée à 5h½.

Le secrétaire,

F. Tisserand

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Faye, Hervé (1814-1902)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1881-1885
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Séance du 9 janvier 1884”, 1884-01-09, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 26 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/4007
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