Bureau des Longitudes - Séance du 13 février 1884

Bureau des Longitudes – Séance du 13 Février 1884.

Présidence de M. l'Amiral Cloué.

Le Procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-Rendus – N° 5 ;

Bulletin admin. – N° 583 ;

Ciel et Terre – N° 23.

Astron. Nachr. – N° 2571 ;

Nature – N° 745 ;

Palisa – Compte-Rendu de l'observation de l'éclipse du 6 Mai 1883 ; Astronomische Untersuchungen über die Finsternisse, von Ginzel ;

Ueber die von Wolf vermuthete Doppelperiode der Sonnenflecken-Häufigkeit, von Korteweg.

Über die Christliche Festrechnung, von Schram.

Über die Schweifaxe des Kometen 1874 – III, von Hepperger.

A propos du procès-verbal, M. d'Abbadie dit que l'éclairage des fils [mot barré] des réticules à l'aide de tubes de Geissler, qu'il croyait nouveau, avait déjà été réalisé à l'observatoire de Paris, par M. Wolf, qui avait dû y renoncer, en raison de certains inconvénients.

Pour ce qui concerne d'une manière générale l'éclairage direct des fils sur champ obscur, M. Fizeau fait remarquer que la ligne brillante produite par un réflecteur cylindrique, peut se déplacer, et ne pas coïncider toujours avec l'axe du fil ; il y a là une cause d'erreur ; quant à l'éclairage obtenu par l'électricité, le fil est échauffé, et il doit être enveloppé de courants d'air qui peuvent nuire à la netteté, [barré : des im] et à la qualité des images.

A ce sujet, M. l'Amiral Cloué rappelle des expériences intéressantes qu'il avait fait faire sur des navires, pour diriger le tir des canons pendant la nuit ; aux deux extrémités de la pièce, étaient disposés deux fils métalliques, qu'on pouvait rendre lumineux à l'aide d'un courant électrique ; le chef de pièce pouvait ainsi pointer dans l'obscurité.

M. l'Amiral Mouchez parle d'une Note publiée dans le Bulletin de l'Association scientifique, au sujet des crépuscules extraordinaires de ces temps derniers ; les marins ont aperçu les lueurs, sur une bande de la mer, allant de la Sonde vers Madagascar ; cela confirme l'opinion qui attribue la cause de ces lueurs à l'éruption volcanique de Java.

M. Fizeau dit que M. Faye avait déjà communiqué ces observations à l'Académie.

M. d'Abbadie parle d'un article contenu dans le N° 745 du Journal anglais "Nature", concernant les aurores boréales ; il dit qu'on a observé des aurores boréales au dessous des nuages, même à de petites distances, entre deux personnes qui pouvaient se parler.

M. Fizeau dit que les phénomènes dont vient de parler M. d'Abbadie, sont d'accord avec ce que l'on peut admettre dans l'état actuel de la science, et d'accord avec des expériences récentes qui seront sans doute répétées ; M. Fizeau fait allusion ici à une communication adressée à l'Académie il y a quelques années, et de laquelle il résulte qu'on était arrivé à produire des lueurs boréales artificielles sur des édifices, à l'aide de conducteurs et de pointes analogues à ceux dont on se sert pour les paratonnerres.

M. Janssen, à l'appui de la remarque de M. Fizeau, dit qu'on a reproduit un effet des aurores boréales par l'expérience ; mais, il ajoute qu'on n'a pas cherché à modifier l'aspect du phénomène naturel, en y déversant des effluves obtenues artificiellement.

Aujourd'hui, tout le monde admet que ce sont des phénomènes atmosphériques, provenant d'orages à l'état d'effluves ; [dans?] les régions polaires, il n'y a pas d'orages ordinaires, mais des aurores boréales.

M. Cloué dit que, pendant une aurore boréale, il a [barré : observé] entendu un [barré : bruissement] crépitement d'une nature particulière.

M. Fizeau [barré : rappelle] rappelle une communication faite à l'Académie par Biot, qui comparait le bruit qu'il avait entendu pendant une aurore boréale, à celui que produit une banderolle agitée vivement.

M. Janssen dit que, sur les hautes montagnes <quand le temps est orageux>, [barré : pendant les orages] on éprouve sur la figure la sensation provenant de la rencontre de toiles d'araignées.

M. d'Abbadie [barré : traduit] donne lecture, en le traduisant, de l'article de "Nature" sur les aurores boréales.

A ce propos, M. Cloué dit qu'il a observé beaucoup d'aurores boréales à Terre-Neuve, mais, jamais avant 8 heures du soir, et jamais après 10^h½.

M. Tisserand parle d'un Mémoire publié récemment sur l'étoile double η Cassiopée, par M. L. Struve ; l'auteur a pu déterminer le <rapport des> masses des deux composantes, en partant des irrégularités du mouvement propre de l'étoile principale ; il avait d'autre part la somme des deux masses, à l'aide de la parallaxe annuelle, et des éléments elliptiques ; il en a donc conclu les deux masses ; c'est un résultat important.

M. Fizeau dit que dans ces questions, l'analyse spectrale donnera un document important, c'est la vitesse de l'étoile dans le sens du rayon vecteur.

M. Janssen fait remarquer que, pour cela, les grands instruments seront [barré : plus] très utiles, en donnant des spectres dans lesquels le déplacement des raies produit par le déplacement de l'étoile dans le sens du rayon vecteur, pourra être mesuré avec plus de précision.

La séance est levée à 4^h½.

Le secrétaire,

F. Tisserand