Bureau des Longitudes - Séance du 8 octobre 1890

Bureau des Longitudes – Séance du 8 octobre 1890.

Présidence de M. Faye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-rendus 13

Bullet. Adm. 925

Bullet. Météorol. 274-280

Nature 1092

Revista do observatorio – Janvier

Observ. de Washington – 1884

Keeler – Mouvement des nébuleuses dans le sens du rayon visuel.

Proceedings of the Royal Society, N^os 286-294

Mémoires de Pétersbourg, t. 37, n^os 6 et 7.

Bureau veritas – Août.

A l'occasion du Procès-verbal, M. Mouchez dit que M. Gaillot va faire un travail d'ensemble sur les variations apparentes de la latitude à Paris.

M. Loewy dit que M. Gaillot attribue les variations de la latitude aux erreurs des catalogues.

M. Tisserand répond que l'opinion de M. Gaillot a été très nette pour l'observatoire de Bordeaux, mais qu'elle l'est moins pour Paris.

M. le Président parle des Notices de l'Annuaire, et demande à M. Tisserand d'en rédiger une sur le Congrès de Fribourg, [barré : et sur] en signalant particulièrement les communications des délégués français, et celles qui se rapportent aux variations de la latitude.

On rappelle que M. Cornu a été chargé de rédiger une Notice sur la [barré : mouvements] détermination spectroscopique des mouvements des astres dans le sens du rayon visuel.

M. Janssen donnera de son côté une Notice sur son expédition récente au sommet du mont-Blanc.

M. Fizeau parle de la Table des points critiques, que M. Sarrau doit remettre prochainement.

On s'occupe ensuite de la partie barométrique de l'Annuaire, que M. Cornu doit remanier. M. Faye pense qu'il aura égard aux Tables que le Bureau météorologique a publiées récemment dans trois langues.

M. Faye signale les modifications à introduire dans l'Annuaire pour les durées de rotations de Mercure et de Vénus, en tenant compte des belles découvertes de M. Schiaparelli, qui ont été confirmées par les observations faites à Nice, et dont M. Perrotin rendra compte prochainement au Bureau.

M. Loewy dit qu'il avait songé déjà à faire ce changement ; il ajoute que le prochain Annuaire contiendra la fin des Notices relatives aux comètes ; elles embrasseront l'intervalle 1800-1890.

M. Janssen parle de son expédition récente au Mont-Blanc, et dit qu'elle a été intéressante à divers points de vue, notamment à celui de la météorologie. Le cyclone qui s'est développé dans le Jura, a commencé en effet, au sommet du Mont-Blanc, 24 heures plus tôt que dans la plaine, avec un déploiement formidable d'électricité ; cela prouve qu'une couche de plus de 4000 mètres de hauteur était intéressée au phénomène.

M. Janssen dit que si l'on avait eu des instruments enregistreurs, il en serait résulté des documents précieux. Il pense que les instruments devraient être placés au sommet même, car il résulte des travaux de M. Teisserenc de Bort que les cols occasionnent de grandes complications météorologiques.

On parle des paratonnerres qu'il y aurait lieu d'établir ; on rappelle que depuis qu'on en a installé au Pic du Midi, on n'y ressent plus de coups de foudre.

M. Janssen signale les études intéressantes que l'on pourrait faire au Mont-Blanc, au Pic du Midi, et au Mont-Ventoux, en photographiant les nuages.

M. Faye dit que la Commission [barré : géodésique] permanente de l'Association géodésique internationale, et le Bureau central, qui nous envoient leurs publications, demandent en échange celles du Bureau. Cette demande est accueillie.

On adressera des remerciements au Président de la Société Royale de Londres pour l'envoi des Proceedings.

On discute au sujet de la détermination de la vitesse des nébuleuses dans le sens du rayon visuel. M. Fizeau pense que la question présente des difficultés, car les spectres des nébuleuses présentent plutôt des bandes que des raies.

M. Janssen dit qu'en observant dans l'Inde, au sommet des Nilgiris, il a été frappé de l'intensité des raies de l'hydrogène dans le spectre de la nébuleuse d'Orion.

M. Tisserand parle des variations de latitude observées à Potsdam, Berlin et Prague ; il en fait la comparaison avec les variations de la latitude de Paris, résultant de plus d'un millier d'observations faites au cercle de Gambey, et signalées par Villarceau dans le t. VIII des Annales de l'Observatoire [barré : de P] ; il est curieux que les variations mensuelles soient à très peu-près les mêmes pour Potsdam et Paris.

M. Fizeau dit qu'autrefois on avait invoqué ce fait comme provenant de la situation de l'Observatoire en plein Paris ; on voit qu'il se reproduit à Potsdam qui est assez éloigné de Berlin.

M. Bouquet de la Grye dit que si ces variations tiennent aux saisons, elles devraient être renversées dans l'hémisphère austral, et diminuées dans les stations très élevées.

M. Faye dit que M. Förster [Foerster] attribue ces variations aux phénomènes météorologiques, et notamment aux chutes de neige sur les continents ; cela paraît peu probable, surtout quand on se rappelle un calcul de Bessel qui a montré qu'il faudrait transporter [au crayon de papier, en marge : de 90° vers le pôle] une masse telle que celle de l'Himalaya pour attirer les latitudes de 1".

M. Faye signale ensuite les observations décisives que l'on pourrait faire avec une lunette zénithale ; celles de Greenwich ont conduit à des mauvais résultats, pour la parallaxe de α Dragon et la constante de l'aberration ; mais cela doit être attribué à une construction défectueuse de l'instrument.

M. Bassot dit que, depuis plusieurs années, le service géographique détermine seulement des différences de latitude, entre Paris et les autres stations, afin d'éliminer les erreurs des déclinaisons des étoiles.

M. Janssen ayant demandé l'opinion du Bureau sur l'opportunité d'un observatoire au sommet du Mont-Blanc, le Bureau déclare qu'il est sympathique à cette création, en réservant les conditions de sa possibilité.

M. Bouquet de la Grye dit qu'il est urgent de faire voter la loi sur l'unification des heures en France et en Algérie, en raison de la publication des éphémérides, qui doit être faite longtemps à l'avance.

La séance est levée à 5 heures. Le secrétaire, F. Tisserand