Bureau des Longitudes - Séance du 30 sept 1891

Bureau des Longitudes – Séance du 30 Sept. 1891.

Présidence de M. Bouquet de la Grye.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit :

Comptes-rendus, 12

Bullet. adm. 975

Bullet. météorol. 266-272

Astr. Journal 246

Nature 1143

Astr. Nachr. 3060

Comptes-rendus de Naples, Fasc. 4, 5, 6

Revista do Observatorio, 8.

Le Ministre de l'Instruction Publique transmet une correspondance étendue du P. Tondini de Quarenghi, relative au méridien de Jérusalem.

On décide de la renvoyer à la commission antérieurement nommée, qui fera un rapport d'ensemble.

M. Loewy donne quelques détails sur l'état actuel de nos publications : la Connaissance des temps de 1894 paraîtra au commencement de Novembre, avec une avance de 2 mois ½ sur le volume précédent. Parmi les modifications introduites, et qui avaient été approuvées par le Bureau, M. Loewy signale les points suivants :

1° - les lieux héliocentriques des planètes, au lieu d'être donnés de jour en jour, le sont seulement de 2 en 2 jours ; on a pu, en revanche, introduire des [barré : élémen] documents très utiles pour le calcul des perturbations.

2° - On donne une liste de 1500 étoiles occultées par la Lune, au lieu de 1000 ; mais, pour les plus brillantes, on continue à fournir tous les éléments nécessaires au calcul d'une longitude. Notre recueil sera ainsi le plus complet sur le sujet.

M. Bouquet de la Grye remercie M. Loewy au nom du Bureau.

M. Loewy demande si l'on a obtenu du Ministère une réponse au sujet de la demande relative à l'avancement des calculateurs.

M. Bouquet de la Grye dit que la réponse n'est pas encore arrivée, mais qu'il appellera de nouveau sur elle l'attention de M. Charmes.

M. Tisserand donne quelques indications sur la Notice relative à la Lune qu'il doit insérer dans l'Annuaire de 1892 : il se propose d'insister principalement sur l'accélération séculaire, laquelle est très sensible pour la Lune, et négligeable pour les autres astres de notre système planétaire. Laplace avait trouvé <d'abord par la théorie> [barré : d'abord] un coefficient de 10", qui semblait d'accord avec les recherches de Dunthorne, Mayer et Lalande fondées uniquement sur l'observation.

En 1857, M. Adams a annoncé que les calculs de Laplace étaient incomplets, et qu'en les poussant plus loin, on obtenait 6" au lieu de 10".

Or, par une coïncidence singulière, presque à la même époque, M. Airy soutenait que les éclipses chronologiques au nombre de 4 ou 5, demandaient, pour être bien représentées, une accélération d'au moins 12".

Les calculs de M. Adams ont été confirmés par [Delaunay ?], Cailey [Cayley], etc¹…, par des méthodes entièrement différentes de sorte que leur résultat est définitif.

Il restait donc entre la théorie et l'observation une différence très notable.

M. Tisserand montre, d'accord avec M. Newcomb, que les éclipses [barré : observées p] de Lune observées par les astronomes d'Alexandrie, et celles de Soleil observées par les Arabes, conduisent à une accélération voisine de l'accélération théorique.

Il semble d'ailleurs que les données relatives aux éclipses chronologiques soient très vagues, et qu'on ne puisse pas en tirer un argument décisif.

Les éclipses anciennes, tirées des Annales Chinoises ne sont pas plus nettes.

Il y aurait un grand intérêt à maintenir la valeur théorique, car on ne toucherait pas à la mesure du temps, qui demeurerait invariable.

Il est cependant encore impossible de formuler un jugement définitif.

Il conviendrait de reprendre un travail intéressant de M. Ginzel sur certaines éclipses observées au moyen-âge, et pour lesquelles les documents ont été empruntés aux chroniques des monastères.

Dans un grand nombre de ces récits, on dit qu'on a vu apparaître les étoiles.

M. Tisserand demande si cela prouve que l'éclipse était totale.

M. Fizeau pense qu'on peut l'affirmer, si l'on a vu plusieurs étoiles.

M. Tisserand ajoute qu'il serait très intéressant de voir si les données de M. Ginzel sont compatibles avec l'accélération théorique ; l'auteur a bien conclu à une valeur de 11" environ, mais sa façon de procéder n'est pas exempte de critique, et il n'est pas prouvé qu'on ne représenterait pas aussi bien les phénomènes observés avec le coefficient théorique de 6".

La séance est levée à 4^h½.

Le secrétaire,

F. Tisserand