Bureau des Longitudes - Séance du 21 novembre 1894

Bureau des Longitudes

Séance du 21 Novembre 1894

Présidence de M. Bouquet de la Grye

Le procès verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés au registre.

Il reçoit également une lettre de M. Hy, instituteur à Angers, proposant une réforme au calendrier républicain.

M. Tisserand signale une faute d'impression dans la Connaissance des temps de 1897 ; deux chiffres de la masse de Mars sont intervertis.

M. Brünner demande au Bureau d'autoriser le payement de l'instrument des latitudes qui est maintenant terminé et installé à l'Observatoire. Cette proposition [barré : L'o] est adoptée.

L'ordre du jour appelle la discussion sur l'origine du jour astronomique.

M. Loewy dit qu'à son avis, qu'il croit partagé par M. Newcomb, la réforme proposée sera pour les astronomes une source d'ennuis, tant pour les calculateurs, surtout si le changement n'était pas opéré partout à la fois, que pour les observateurs, obligés de changer la date au milieu de la nuit.

Autrefois elle aurait pu avoir des avantages les éphémérides n'étaient calculées que pour midi, origine du jour ; ce qui obligeait à des interpolations pénibles ; aujourd'hui on les calcule pour midi et pour minuit.

Toutefois, [barré : le] si la réforme est avantageuse pour les marins, on pourrait l'adopter, mais à la condition que l'unification soit complète c'est-à-dire que l'heure civile soit comptée de 0 à 24.

M. Bouquet de la Grye [barré : pense] fait observer [barré : que le changement de date au milieu d'une série d'observations peut se faire auj peut] qu'avec le système actuel [barré : le] l'on peut aussi être obligé à changer la date du milieu d'une série d'observations, [barré : c'est ce] en particulier dans les observations du Soleil à bord. L'inconvénient est le même actuellement pour les marins qu'il le serait pour les astronomes si la réforme était adoptée. Mais les conséquences d'une erreur pourraient être beaucoup plus graves.

M. Loewy répond qu'une erreur de date peut être plus facilement évitée, le mouvement du Soleil étant plus rapide.

M. Faye pense que le changement se fera tôt ou tard ; plus on tardera, plus les inconvénients signalés s'aggraveront. Il rappelle d'ailleurs l'opinion de Laplace. Toutes les tables jusqu'à celles de Le Verrier ont été calculées pour minuit.

M. Tisserand déclare qu'il serait opposé au changement si celui-ci n'était précédé d'une entente entre les directeurs des grandes éphémérides. Toute autre manière de procéder engendrerait une confusion inextricable. M. Fleuriais est du même avis. M. de Bernardières dit que la réforme serait, sinon utile, au moins commode pour les marins ; il est fâcheux en effet que la date astronomique à laquelle doit être rapportée une observation ne soit pas celle qui est portée sur le Journal de bord.

M. Janssen estime qu'en s'opposant à la réforme, ou [barré : en] y mettant des restrictions qui la rendraient impossible, la France prendrait une fâcheuse posture, qui serait d'autant plus remarquée [barré : M.] qu'elle est le seul pays qui ait refusé d'accepter le méridien de Greenwich.

M. Faye ne croit pas qu'il convienne de consulter les rédacteurs d'éphémérides dont le refus est certain d'avance.

Après une discussion sur la position de la question, le texte suivant est mis aux voix :

"Le Bureau des Longitudes est favorable en principe à la réforme proposée par l'Institut Canadien pour le changement d'origine du jour astronomique.

Le Bureau estime que cette réforme, comme l'ont fait observer les lords de l'Amirauté, ne peut avoir d'efficacité que si une entente a lieu entre les gouvernements publiant les principales éphémérides.

Enfin, considérant que l'unification ne sera vraiment complète que [mot barré] lorsque l'heure civile, à l'exemple de ce qui se fait en Italie, sera comptée de 0 à 24^h, le Bureau émet le vœu que cette dernière réforme soit réalisée le plus tôt possible."

Le premier paragraphe est [barré pro] <adopté> à l'unanimité.

Le second est adopté à l'unanimité moins deux voix, [barré : celles de MM.]

Le troisième est adopté à l'unanimité.

L'ensemble du texte est ensuite adopté à l'unanimité, moins la voix de M. Faye qui motive son vote en disant que les [barré : restrictions et] conditions imposées à la réforme la rendront impossible.

M. Poincaré est chargé du rapport.

La séance est levée à 5^h¼

Le Secrétaire

Poincaré