Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 9 janvier 1918

Titre Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 9 janvier 1918
Créateur Renaud, Marie-Joseph-Auguste (1854-1921)
Contexte Volume 1914-1918
Date 1918-01-09
Contributeur Renaud, Marie-Joseph-Auguste (1854-1921); Andoyer, Henri (1862-1929);
Identifiant O1914_1918_231
Format 17,7 x 30,5 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Dactylographié avec corrections manuscrites; Text; Procès-verbal;
Description

Bureau des Longitudes.

Procès-verbal de la Séance du 9 Janvier 1918.

Présidence de M. ANDOYER, Vice-président.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le Bureau reçoit les ouvrages mentionnés aux livres des entrées.

I. - M. le Président donne lecture de 2 lettres du Ministre de l’Instruction Publique ; l'une en date du 31 Xbre dernier, relative aux allocations données aux calculateurs pour travaux supplémentaires en 1917 ; l'autre, en date du 8 janvier courant, informant le Bureau qu’un secours de 200 Fr. est accordé à Madame CAPDEVIELLE, veuve d'un calculateur.

II. - M. ANDOYER entretient le Bureau du cas de M. CONIEL, calculateur, que son état de santé précaire empêche de travailler ; il est décidé que cet agent sera convoqué pour la prochaine séance.

III. - M. le Président fait part de l'accident dont a été victime M. le Vice-Amiral FOURNIER ; il charge le Secrétaire d'écrire à l’Amiral pour lui adresser l’expression de toute la sympathie du Bureau et ses vœux de prompt rétablissement.

IV. - Sur l'invitation du président, M. GUILLET, convoqué par M. APPELL, fait une communication sur un appareil qu’il a construit et qui sert à mesurer le temps en produisant un mouvement circulaire uniforme.

M. GUILLET expose le principe sur lequel repose l'appareil. Deux disques parallèles formés d'une substance isolante peuvent tourner autour d'un axe commun ; ils portent sur leur bord chacun un contact α et β. D'autre part le mouvement uniforme est réalisé par une aiguille tournant autour du même axe et portant une tige transversale avec contact γ. En faisant tourner l'aiguille et en disposant convenablement les deux disques, on pourra établir les contacts entre α et γ, puis entre β et γ de telle sorte que le temps qui s’écoule entre deux phénomènes sera mesuré par l’intervalle qui sépare les deux contacts que ces phénomènes déterminent. On définit ainsi par <par les 2 rayons aboutissant aux points α et β> deux points résultant des contacts un angle au centre donnant la mesure du temps par une méthode toute pareille à celle par laquelle on mesure une longueur définie par 2 traits sur une règle. L’intervalle de temps est donné par un nombre entier de périodes, plus la fraction de période représentée par l'angle au centre. Le rapport des périodes est tout-à-fait semblable à celui de la division de 2 règles mesurant des longueurs. Tel est le principe de la méthode qui est bien différente de celle des coïncidences et qui paraît à son auteur plus générale et plus féconde.

Dans l'appareil qui a été construit, et qui fonctionne devant les membres du Bureau, les deux disques sont en ébonite ; sur chacun d'eux se trouve une génératrice encastrée pour les contacts α et β. La plus grande difficulté a été d'obtenir le mouvement de rotation uniforme. On trouve dans la nature et parmi les appareils de laboratoire beaucoup de mouvements d'oscillations harmoniques ; tels sont les pendules, ou les instruments à vibration transversales, ou longitudinales. Il a fallu transformer un mouvement de ce genre en un mouvement uniforme à rotation. On arrive à ce résultat en enroulant sur un cylindre une dentelure sinusoïdale dont le profil est convenablement choisi ; le mouvement d'oscillation harmonique se produit suivant la génératrice ; le mobile reste constamment tangent au profil sinusoïdal. Dans ces conditions on obtient un mouvement circulaire uniforme. Dans cet appareil à dentures harmoniques, le moteur est un diapason à mouvement entretenu ; l'ancre est constituée par une petite tige perpendiculaire à la branche du moteur. La roue est montée sur un axe qui entraîne l’aiguille. On a déterminé par le calcul les conditions exactes qui doivent être réalisées pour que le système fonctionne d'un mouvement continu.

M. Emile PICARD fait observer que la perfection [barré : dou] du mouvement dépend de l'entretien du diapason. N’y a-t-il pas de ce fait une difficulté pour obtenir l’uniformité recherchée ?

M. GUILLET répond qu’il a longtemps étudié cette question : il a d'abord établi les conditions de l’entretien direct du mouvement d'un diapason, par exemple à l’aide d’un électro-aimant ; il a constaté que l'action exercée est très complexe ; il faut tenir compte de la dissymétrie qui accompagne l’aimantation, et aussi de la phase d'attaque du corps vibrant ; enfin il est nécessaire que la course du point d’attaque soit très petite. C'est en analysant ces diverses particularités que M.GUILLET est arrivé à vaincre la difficulté à laquelle fait allusion M. Emile PICARD. A son avis il est préférable d’entretenir le diapason par impulsion plutôt que directement <par électro-aimant> ; cette impulsion doit être donnée à l’instant où les décharges changent de sens et aussi au moment où le mouvement du diapason change de sens. Telle est la solution qui parait la plus satisfaisante.

M. ANDOYER demande quelle est sur l’appareil l'influence de la température. M. GUILLET répond qu’on peut sans doute trouver à ce point de vue une composition d’acier qui pourra jouer pour les vibrations et flexions, le même rôle que l’invar dans les spirales pour la dilatation.

M. LIPPMANN fait remarquer que l'appareil de M. GUILLET n'a pu être réalisé avec la perfection qu’il comporte que grâce à l’entretien très étudié du diapason. La précision de l'appareil, la manière excellente dont il est entretenu sont démontrées par ce fait qu'avec un diapason qui comporte 1.000 périodes à la seconde, on a pu réaliser l'expérience de LISSAJOUS et constater dans l’ellipse réduite1 à une droite une immobilité parfaite. Cet instrument permettra donc d'importantes applications.

M. ANDOYER demande si on pourra se servir de l’appareil pour s'assurer qu’un pendule a la même oscillation à différentes heures de la journée. M. LIPPMANN pense qu’on pourra faire cette vérification.

M. Emile PICARD signale combien il est intéressant de pouvoir mesurer le temps par des appareils reposant sur des principes entièrement différents, l’un, comme le pendule, qui agit sur l’influence de la pesanteur, et l’autre, qui dépend de phénomènes électriques.

M. HAMY fait remarquer que si, avec des diapasons entretenus on peut obtenir un cercle de LISSAJOUS décrit d’un mouvement uniforme, on peut en photographier instantanément le point lumineux à divers intervalles et avoir ainsi un instrument de mesure du temps.

M. BIGOURDAN demande [barré : à] <si> M. GUILLET a fait des expériences pour s’assurer de la régularité d’un pendule suspendu par un couteau. M. GUILLET répond négativement.

M. BIGOURDAN pense que l’appareil pourrait rendre de grands services pour déterminer les équations personnelles. M. GUILLET dit que l’instrument est des plus intéressants pour l’étude des sensations, et qu’il permet de résoudre tous les problèmes de ce genre avec une extrême rigueur, puisqu’il est indépendant des organes. M. GUILLET montre comment on peut, grâce à lui, s'assurer de la sensibilité de l’oreille pour opérer avec la méthode des coïncidences.

M. le Président adresse à M. GUILLET ses vifs remerciements en l’assurant de tout l’intérêt que le Bureau a pris à sa communication. Il espère qu’il pourra revenir à une prochaine séance traiter la question de la détermination de l'intensité de la pesanteur par la méthode du tube de NEWTON.

V. - M. Emile PICARD fait hommage au Bureau de la Notice biographique sur Gaston DARBOUX qu'il a rédigée et qu’il a lue dans la séance publique annuelle de l’Académie des Sciences le 10 Décembre 1917.

VI. - Sur la proposition de M. le Président, le Bureau décide de mettre à l’ordre du jour de sa prochaine séance la question de l’insertion du chapitre relatif à la Géographie dans l’Annuaire de 1919.

La séance est levée à 16h.40’.

Le Secrétaire,

J. Renaud

1 Il y a une coquille dans le texte original : « résuite ».

Type de document Procès-verbal
Président de la séance Andoyer, Henri (1862-1929)
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1914-1918
Citer ce document “Bureau des Longitudes - Procès-verbal de la séance du 9 janvier 1918”, 1918-01-09, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 26 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/6473

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