Note sur l'observation des deux éclipses totales du Soleil du 20 septembre 1922 et du 10 septembre 1923

14 Février 1922

NOTES

sur l’observation des deux Eclipses totales du Soleil du 20 Septembre 1922 et du 10 Septembre 1923

On demande le concours de la Marine de l’Etat.

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La Comité national français d’Astronomie qui groupe tous les astronomes de France, officiels et amateurs,

et le Bureau des Longitudes,

ont émis le vœu que l’Astronomie française prenne part à l’observation des deux prochaines éclipses totales du Soleil, qui sont parmi les plus importantes du siècle.

Il s’agit d’étudier les dépendances extérieures du Soleil, invisibles en dehors des éclipses totales, et surtout de vérifier la déviation des rayons lumineux qui rasent le Soleil, déviation annoncée par la célèbre théorie d’Einstein.

Plusieurs missions américaines et anglaises, et même des missions allemandes sont en formation pour l’étude du phénomène.

Pouvons-nous rester en arrière ?

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Dans l’éclipse du 20 Septembre 1922, la ligne de totalité traverse l’Océan Indien et l’Australie.

Les points les plus favorables sont :

- a/. L’île de Christmas, à environ 200 milles au sud de l’extrêmité sud de Java.

Longitude : 105°40’ E. – Latitude 10°25’ Sud.

Hauteur du Soleil pendant la totalité 78°

Durée de la totalité 3^m 40^sec

- b/. La station télégraphique de Wollal, sur la côte Nord-Ouest de l’Australie à 200 milles environ au sud sud Ouest du port de Broome.

Longitude 120° 41’ E. – Latitude 19°44’ Sud

Hauteur du Soleil pendant la totalité 58°

Durée de la totalité 5^m 18^sec

A Wollal, l’air est très sec, et les chances de beau temps sont très grandes. Cette station est, au point de vue astronomique, la meilleure. Elle n’est pas desservie par une ligne régulière de paquebots ; et, pour l’atteindre, un navire spécial est nécessaire. La même remarque s’applique aussi à la station de Christmas.

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Dans l’éclipse du 10 Septembre 1923 la ligne de totalité prend naissance dans le Pacifique, longe la côte Ouest de Californie, aux environs de Los Angeles et de San Diego, puis elle traverse le Mexique, le golfe du Mexique et la Mer des Antilles.

Les stations les plus favorables pour l’éclipse de 1923, sont :

-c/. Le Groupe d’îles du Pacifique à l’ouest de Los Angeles et de San Diego, et en particulier l’île de San Clemente, à 60 milles des ports de ces deux villes

Longitude 120°50’ Ouest – Latitude 32°53’ Nord.

Hauteur du Soleil pendant la totalité 63°

Durée de la totalité 3^m 35^sec

-d/. La petite ville mexicaine d’Ensenada sur la côte du Pacifique en Basse Californie, au fond de la baie de Todos Los Santos, à 60 milles au sud de San Diego.

La hauteur du Soleil et la durée de la totalité y sont à peu près les mêmes qu’à San Clemente.

Les deux stations de San Clemente <et d’Ensenada> offrent de grandes chances de beau temps ; mais elles ne sont pas rattachées à Los Angeles ou à San Diego par un service régulier de bateaux.

-e/. La ville mexicaine de Tampico, sur la côte du Golfe du Mexique

Longitude 100°17’ Ouest – Latitude 22°12’ Nord

Hauteur du Soleil pendant la totalité 46°

Durée de la totalité 3^m 00

En Septembre à Tampico, on est encore dans la saison des pluies la côte est malsaine et infestée de moustiques ; de plus la durée de la totalité y est moindre que sur la côte californienne.

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CONCLUSIONS.

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1° - Pour l’éclipse du 20 Septembre 1922, la station de Wollal, adoptée déjà par la mission américaine de l’Observatoire Lick, est nettement la meilleure ; mais son accès est très difficile, et le concours d’un navire de l’Etat est indispensable.

2° - Pour l’éclipse du 10 Septembre 1923, il faut s’établir sur la côte de Californie, et une station à recommander est celle de Ensenada, qui apparaît pratique seulement dans le cas où un navire spécial est adjoint à la mission.

3° - Des deux éclipses, la plus intéressante est celle de 1922 ; mais le temps qui reste encore pour la préparation est très restreint. Il faudra obtenir immédiatement l’adhésion de la marine, et aussi un crédit spécial des Chambres, dont la première partie a été refusée en 1921.

Pour l’éclipse de 1923, les difficultés sont moindres, d’autant que la région à atteindre est plus accessible et plus peuplée.

Or les missions anglaises annoncées pour ces deux éclipses seront accompagnées par un navire de guerre. Nous réclamons le même avantage pour les missions françaises.

Le navire adjoint à la mission lui apportera les moyens puissants dont il dispose ; il assurera le transport du matériel et du personnel dans le voisinage immédiat de la station choisie ; <il> assurera le ravitaillement et dans une large mesure le succès de l’observation scientifique. Le personnel instruit du bord (officiers et gradés) prendra part à l’étude du phénomène, et le rendement de la mission sera augmenté notablement.

-- Dans le plan primitif, la mission française devait comprendre cinq astronomes avec un mécanicien assistant et emporter de France au plus Dix tonnes de matériel.

Le Président du Comité national français d’Astronomie,

H. Deslandres