Les procès-verbaux du Bureau des longitudes

Notice sur l'Archipel de Poulo-Condore et sur les Deux Frères

Titre Notice sur l'Archipel de Poulo-Condore et sur les Deux Frères
Créateur Pélissier, Léon Alexandre Melchior (1882-1979)
Contexte Volume 1927-1929
Date 1928-03-27
Identifiant O1927_1929_068
Relation O1927_1929_067
Format 21 x 32 cm; image/jpeg;
Éditeur Bureau des longitudes; Observatoire de Paris; Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri Poincaré (UMR 7117 CNRS / Université de Lorraine);
Droits CC BY-SA 3.0 FR
Type Dactylographié avec corrections manuscrites; Text; Notice;
Description

RÉPUBLIQUE FRANCAISE

Paris, le 27 Mars 1928

MINISTÈRE DE LA MARINE

SERVICE HYDROGRAPHIQUE

13, Rue de l’Université, 13

Bureau des Longitudes

Annexe au P.V. de la Séance du 21 Mars 1928

Notice (I) [en note de bas de page : (I) Les renseignements donnés ci-dessus ont été rédigés de mémoire et sans qu’aucun document officiel ait été consulté autrefois ou aujourd’hui. Ils ne visent qu’à donner une impression d’ensemble et contiennent sans doute des erreurs de détail. Enfin, ils se rapportent à la situation constatée en 1922 et 1923.] sur l’Archipel de Poulo – Condore et sur les deux Frères.

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La mission hydrographique d’Indo-Chine a séjourné à Poulo-Condore du 1er au 27 Mai 1922 et du 15 Mars au 28 Mai 1923. Elle devait déterminer la position géographique de Poulo-Condore et entre ce groupe d’îles et le delta du Mékong ; de plus elle a été chargée, en 1923, de faire le levé de l’embouchure du Bassac.

Les positions géographiques résultent d’une latitude observée à l’astrolabe à prismes à Poulo-Condore en 1922 et de relèvements d’un sommet très net de Poulo-Condore pris de deux points de la triangulation du Bassac. Les 2 frères ont été reliés, par la triangulation, aux signaux de Poulo-Condore. Les observations astronomiques de 1922 ont permis de se rendre compte des conditions d’observation des astres, au moins la nuit, et de les noter.

POULO-CONDORE

Climat de Poulo-Condore (Voir note annexe ci-jointe).

Dans la période d’entre-moussons, qui commence en Mars et se termine à la fin de Mai, on a constaté, surtout en Mai, des séries de beau temps. Les soirées en 1922, ont été généralement claires jusqu’à la fin du mois et on a pu observer dans de bonnes conditions, à l’astrolabe, les 23, 27, 28 et 29 Mai. Avant le 23 Mai il faisait aussi clair sinon davantage et si les observations n’ont pas commencé plus tôt c’est que la mission était occupée à autre chose ou que tout n’était pas prêt pour la transmission des signaux horaires entre Mytho et Poulo-Condore et entre Mytho et Saïgon. Je n’ai pas le souvenir que, dans la journée, le ciel fut généralement nuageux en Mai. Voici le relevé d’observations de soleil en 1922 : 5 Mai (soir) ; 6 Mai à 16 h 40 et vers 18 heures ; 8 Mai 1922 (matin) ; 11 Mai à 7h15 et à 16h25 ; 12 Mai à 7h10 et à 8h50. Certaines de ces observations sont courtes il est vrai ; probablement les nuages les ont interrompues.

La température est élevés [sic] toute l’année à Poulo-Condore ; elle est pourtant supportable et nous n’avons jamais été gênés pour les travaux hydrographiques. Dans la période d’entre-moussons quelques européens viennent du delta pour se reposer à Poulo-Condore.

Organisation de l’île au point de vue administratif et militaire

L’île est placée sous l’autorité du Directeur du Pénitencier qui relève du Lieutenant-Gouverneur de la Cochinchine. Par son énergie et son esprit d’organisation, le Directeur du Pénitencier, en 1922 et 1923, tirait grand parti du travail des détenus pour améliorer l’installation du centre principal et des divers pénitenciers, pour continuer le réseau des routes de l’île, pour exploiter les ressources de l’île au bénéfice du Trésor.

Une Compagnie d’infanterie Coloniale, commandée par un Capitaine est casernée à Poulo-Condore. Le médecin des troupes coloniales de la Compagnie donne ses soins aux européens, aux annamites et aux détenus.

Un chef du poste de T.S.F., relève de la Direction du Service radiotélégraphique de Saïgon.

L’île est presque toute entière la propriété de l’Etat, à l’exception du village libre d’An-hai (la paix mère).

Habitants.

Français : Le Directeur du Pénitencier, le Capitaine Ct. la Compagnie, le médecin-major, le chef de poste de la T.S.F., un agent du trésor, quelques comptables, une vingtaine de surveillants de l’administration pénitentiaire coloniale (parmi lesquels quelques Martiniquais de couleur) ; une centaine de gradés et de soldats d’Infanterie coloniale ; les familles de ces fonctionnaires, des officiers et des sous-officiers.

Annamites libres : Une cinquantaine de miliciens sous les ordres du Directeur (probablement par l’intermédiaire d’un fonctionnaire européen de la milice) ; quelques commerçants annamites ou chinois, un petit nombre d’habitants (50 à 100) du village d’An-hai en voie de disparition par suite des mariages consanguins.

Détenus. Les détenus au nombre de 1500 au moins, sont rassemblés, pour le plus grand nombre au pénitencier principal, situé au milieu de l’agglomération. Deux autres pénitenciers existent l’un dans le NE de la grande île, près des rizières qui s’étendent entre la baie du NE et la baie de Dam Trao ; l’autre au bord de la baie du SW, dans le Sud de la grande île. Les détenus de ces pénitenciers mettent en valeur les terres qui sont éloignées du pénitencier principal et auxquels il serait trop long de se rendre chaque jour, enfin les détenus de bonne conduite, isolés ou par petits groupes, sont répartis dans les îles de l’archipel, les uns pour s’occuper du bétail, d’autres spécialement affectés à la capture des tortues comestibles <ou> des tortues à écailles relativement abondantes dans ces parages.

Ressources de l’île

Logement. Une maison des passagers, comportant 4 ou 5 chambres, une salle à manger <et> une cuisine, pourra certainement être mise à la disposition de la mission pour la durée de son séjour à Poulo-Condore, pourvu que le Lieutenant Gouverneur de la Cochinchine soit prévenu à l’avance des besoins de la mission. Si la maison des passagers n’était pas retenue à l’avance, on risquerait de la trouver partiellement occupée par des européens venus en villégiature.

La maison des passagers n’est pas bien montée en matériel de cuisine et de table. Il sera bon de pourvoir la mission de couverts, d’assiettes, etc...

Personnel de service. Le Directeur du Pénitencier met facilement à la disposition des passagers des boys et des cuisiniers choisis parmi les détenus de bonne conduite.

Alimentation. Il serait bon, par économie, de se pourvoir, avant le départ, de conserves, de boisson, de provisions d’épicerie. Cependant on peut compter sur des ressources en vivre frais abondantes et d’un prix modique lorsqu’elles proviennent de l’administration du pénitencier. On peut avoir, à bon compte, de la viande de bœuf, de porc, et de tortue, de la volaille, du poisson abondant et de bonne qualité, des légumes frais (salades, haricots, asperges même) des fruits (bananes, quelques mangues). On peut aussi se procurer en dehors de l’administration des œufs et dans les 2 épiceries de l’endroit, du vin et des denrées courantes, mais a un prix relativement élevé.

Moyens de transport. Le Directeur a une voiture à 2 chevaux, qui permet de parcourir rapidement des routes de la plaine centrale, et d’aller, si la route qu’on construisait en 1923 est achevée, sur le versant Nord de la grande île. Des chars à buffle peuvent aussi servir aux transports lents, mais sur route seulement. Tous les transports en montagne sont effectués par des coolies, désignés parmi les détenus. Avec une corvée de 30 à 50 coolies pourvus d’un repas froid pour le milieu de la journée, on peut transporter beaucoup de matériel, en n’importe quelle partie de l’île. En 2 heures environ, à condition de partir au petit jour pour que la chaleur ne ralentisse pas la marche, on peut aller de la maison des passagers au grand sommet qui a 584 mètres d’altitude et qui est à 4 à 5 [sic] kilomètres de l’agglomération.

Le Directeur a aussi, à sa disposition, une chaloupe pontée à vapeur, munie d’un youyou avec lesquels on peut faire le tour de l’île et débarquer, par beau temps, à peu près partout.

Construction en maçonnerie et terrassement.

De nombreux détenus sont employés aux travaux de maçonnerie et sous la direction de surveillants de l’administration pénitentiaire, plus ou moins spécialisés, construisent rapidement et dans de bonnes conditions de solides et confortables maisons en pierre et briques, soit pour remplacer d’anciennes installations qui laissent à désirer soit pour faire face à de nouveaux besoins.

Le pénitencier fabrique <de> la chaux en grande quantité, avec les coraux du banc situé dans la partie <abritée> de la grande baie, vers le Nord de cette baie ; des briques et des tuiles avec l’argile des terres à riz.

Des équipes de détenus sont employées constamment à l’entretien des routes existantes ou à la construction des routes neuves.

Travail du bois. Des ateliers de menuiserie et de charpente, bien outillés exécutent tous les travaux correspondants à la construction des maisons (charpente, portes et fenêtres) et des travaux d’ébénisterie (meubles, malles etc..). Il y a aussi un atelier de vannerie. L’île est très boisée et on y trouve de beaux arbres d’essences diverses. Le pénitencier construit aussi ses chalands et ses embarcations.

Travail des métaux. Une forge, un atelier d’ajustage, exécutent les ferrures nécessaires pour les maisons ou les embarcations. Cet atelier serait en mesure d’exécuter, pour la mission astronomique, des installations de fortune. Il ne faut pas compter sur du travail de précision ; j’ignore si l’atelier est pourvu d’un tour à métaux.

Relations avec la terre ferme. En 1922 et 1923 l’annexe Saïgon Singapour, des Messageries Maritimes et le service Saïgon Bangkok des messageries fluviales faisaient escale à Poulo-Condore. Il y avait, en moyenne, un courrier par semaine. Je ne peux pas affirmer que l’escale avait lieu dans les deux sens. Je crois que le service Saïgon Singapour a cessé de fonctionner.

Le déchargement de matériel se fait par l’intermédiaire de chalands ; les bâteaux viennent au mouillage de la Pierre Blanche, mais ne peuvent accoster l’appontement qui n’atteint même pas la laisse de basse mer.

Les deux frères.

Le Frère aride (Hontrung nho, petite île aux œufs) est un rocher de peu d’étendue et ne présentant aucun intérêt pour la mission astronomique.

Le Frère boisé (Hon trung lon, grande île aux œufs) long de 500 mètres, large de 200 et haut de 47 mètres pourrait être utilisé, s’il y avait intérêt à le faire, en vue d’un campement de quelque durée. Il y a de la place pour installer des tentes ou des baraques et l’accostage de l’un ou l’autre bord ne présente pas de difficultés. Les arbres qui font une maigre couronne au frère boisé avec leur tronc poreux et sans solidité, sont probablement impropres à tout usage, sauf peut être celui de bois de chauffage.

L Pélissier

Type de document Procès-verbal
Transcripteur Muller, Julien
Collection Volume 1927-1929
Citer ce document “Notice sur l'Archipel de Poulo-Condore et sur les Deux Frères”, 1928-03-27, Les procès-verbaux du Bureau des longitudes, consulté le 26 avril 2024, http://purl.oclc.org/net/bdl/items/show/7069

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